Vidéo /Bande de filles

Les filles de la « jungle » ! Quatre ados d’origine africaine : Marienne (Karidja Touré), « Lady » (Assa Sylla), Adiatou (Lindsay Karamoh) et Fily (Marietou Touré).
La « jungle », c’est une cité de la banlieue parisienne. Une jungle urbaine au-delà du prériph’. Une zone de non-droit plombée par la tradition « tribale » et la domination machiste des « grands frères ». Des garçons au QI de filets de lieu noir dans une barquette de chez Lidl et qui, tels des gardiens prédateurs prêts à bondir, zonent au pied des tours, dans les cages d’escaliers. Des petits caïds devant lesquels elles font profil bas.
C’est là qu’habite Marienne avec ses deux petites sœurs, sa mère femme de ménage et son grand frère qui commande tout. Coincée dans cette banlieue morose, à l’ombre des barres d’immeubles de cette « France périphérique », elle aimerait s’extraire d’une voie qui semble toute tracée, comme celle de sa mère. Ce qu’elle aimerait, c’est s’amuser et aimer au grand jour le copain de son frère sans craindre que tout le quartier ne la traite de « pute ».
Le jour où elle claque la porte de l’école (après avoir redoublé sa 3e on lui refuse l’entrée en seconde générale), Marienne est adoptée par une bande de filles mi-voyous mi-rêveuses qui se la jouent affranchies, se battent, parlent fort, rackettent, dansent, se fringuent façon épouvantail faussement chic et s’éclatent à l’occasion dans une chambre de palace sur une chanson de Rihanna. De la poudre aux yeux qui ne dure que le temps d’une journée. Le soir, c’est retour à la case départ, dans la cité, avec ses codes et ses caïds qui savent vous amadouer et vous instrumentaliser, pour dealer ou vous prostituer. Une cité de grande solitude de laquelle, comme le numéro 6 de la série télévisée Le Prisonnier, on ne sort jamais…
Noir c’est noir ! Elle court, elle court, la banlieue : si vous habitez Paris (ou toute autre grande ville), vous avez forcément croisé autour d’un McDo, d’un centre commercial comme La Défense et ses Quatre Temps ou encore le Forum Châtelet-Les Halles, de ces bandes de filles agressives qui traînent, parlent fort et tuent le temps en faisant du lèche vitrine. Sur un scénario bancal et peu attachant, Céline Sciamma « z’y va » et filme des tranches de vie quotidienne de ces filles « rebelles » à la limite de la délinquance, issues de l’immigration.
Au final, rien de neuf si ce n’est un constat amer sur l’impasse dans laquelle se trouvent ces « jeunes », prisonnières d’un ghetto et du poids de traditions archaïques qui ne laissent que peu de chance de s’en sortir à celles – et ceux – qui ne réussissent pas à l’école. Fallait-il pour autant près de deux heures de pellicule pour en arriver là ?

Lu sur Présent

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