Otez-moi d’un doute: un film qui parle filiation… (Bande-annonce)

En plein contexte macronien de réactualisation de la PMA et autres filiations-fictions d’essence juridico-libérale motivées par « le droit à l’enfant » débarque, sur les écrans, Ôtez-moi d’un doute, jolie comédie inoffensive de Carine Tardieu soulignant la nécessité, pour chacun, de connaître son père biologique.

Lorsqu’il apprend que l’homme qui l’a élevé n’est pas son père, Erwan, démineur breton incarné par François Damiens, se met en quête de découvrir l’identité de son véritable géniteur. S’apercevant que le vieil homme vit à proximité de chez lui, Erwan décide de faire connaissance avec Joseph, et noue avec lui une véritable relation père-fils, touchante de tendresse et de sincérité. Entre-temps, il rencontre Anna, femme de caractère à l’humour piquant, qu’il entreprend de séduire avant de découvrir qu’elle est en réalité… la fille de Joseph.

Sur un ton léger mais nuageux, proche d’une comédie à l’anglaise, le film traite de la nécessité de connaître ses racines afin de mieux saisir sa place dans le monde. Un discours de bon sens que scande régulièrement, en guise de mantra, le personnage d’Erwan, et que celui-ci martèlera dans l’esprit de sa propre fille pour la pousser à reconnaître le géniteur de son futur bébé, un brave type un peu foireux mais gentillet campé par le talentueux comédien burlesque Estéban, découvert récemment dans L’Effet aquatique.

Si le film évite soigneusement les clichés tout en respectant certains « passages obligés » (le père biologique qui, dans un premier temps, fait un blocage ; le père adoptif qui se sent rejeté), le film finit, hélas, par valider malgré lui un double discours que la réalisatrice n’a sans doute pas intellectualisé : il nous dit d’abord que la filiation doit être prise au sérieux, puis accepte l’idée, par les quelques rebondissements finaux, que l’on peut très bien créer un lien affectif qui ne soit pas lié à la biologie. Certes, c’est une évidence. Mais placé en fin de récit, ce propos risque d’être interprété comme un discours relativiste, à contre-courant précisément de ce que la réalisatrice défend depuis une heure et demie. Le cinéma, on le sait, étant parfois à la merci de la moindre ambiguïté.

Pierre Marcellesi – Boulevard Voltaire

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