Le monde est à toi (Bande-annonce)

Comment réussir quand on est un peu c…, un peu pleurnichard et beur
Le monde est un grand chelem ! C’est bien connu, la banlieue, c’est morose. Même à Boulogne (Hauts-de-Seine). Surtout côté Billancourt-Pont-de-Sèvres. C’est là, dans l’appartement d’une barre d’immeuble de la place Haute qu’il partage avec sa « Ma Dalton » de mère, Dany (Isabelle Adjani), que François (Karim Leklou), bon gros nounours au physique de bûche mal dégrossie et pansu comme un panda qui aurait mangé trop de loukoums, petit dealer à l’occasion pour « Poutine », le caïd racaille du quartier toujours entre deux fumettes, dont le cerveau n’a jamais passé la seconde, voire carrément resté aux abonnés absents, rêve de s’en sortir en montant sa petite entreprise, à savoir : devenir le distributeur exclusif et officiel de Mr. Freeze (bâtonnets glacés) au Maghreb, s’y installer, si Allah le veut bien, avec Lamya (Oulaya Amamra), son amour de jeunesse du style beurette panthère sous sa pelisse, et acheter une maison avec piscine.

« Pourquoi au Maghreb ? Il n’y a que des Arabes là-bas ! », lui lance sa mère que cette perspective n’enchante guère. D’autant que cette dernière, par ailleurs chef(fe) d’un gang de beurettes pickpockets faisant des razzias dans des magasins de luxe, a largement pioché dans les économies de son fils. Lequel, pour le coup, voit ses illusions d’entrepreneur perdues. Qu’à cela ne tienne, « Boumedienne » !

Pour se refaire, François accepte à contrecœur un dernier deal que lui propose « Poutine » : aller récupérer en Espagne, auprès d’un English pas très franc du collier, une cargaison de drogue.

Or donc, direction le pays des castagnettes et du fandango. Evidemment, tout ça va déraper. D’autant que François entraîne dans son sillage une cohorte de bras cassés : son ex-beau-père (Vincent Cassel), tout juste sorti de tôle et complètement azimuté depuis qu’on lui a parlé des Illuminatis, deux « sherpas » à la gâchette facile et aux cerveaux à marée basse qui n’ont rien de Ferrari de l’écurie de « Poutine », son amour de jeunesse, manipulatrice de première, et Dany, sa mère indigne. Bref, le top de l’AOC des tocards. Mais à tocard, tocard et demi.

Arnaque, beur et argent du beur ! Clichés volontairement grossis, autodérision, situations et dialogues souvent drôles, soupçon d’émotion et seconds couteaux savoureux (François Damiens fier de faire « œuvre de solidarité » en logeant et exploitant des migrants, Philippe Katerine en avocat véreux de « gangstas » blacks) : sans être totalement aboutie, cette comédie « policière » de Romain Gavras sur une jeunesse sans repère issue d’une immigration à peine caricaturée, est assez divertissante, sympathique et, somme toute, presque morale finalement.

Pierre Malpouge -Présent

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