Lettre ouverte de Robert Ménard au FN! (Vidéo)

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Il est temps de parler clairement. Et de n’épargner personne. À commencer par soi-même.

Ces derniers mois ont été un cauchemar pour notre courant de pensée. Un cauchemar qui a commencé avec la défaite des régionales. Jamais actée réellement. Qu’il s’agisse de Marine Le Pen ou de Marion Maréchal Le Pen, la défaite a été la même. À quelques points près. FN du Nord ou FN du Sud, ligne souverainiste ou ligne identitaire, les électeurs, que cela nous plaise ou non, n’ont pas voulu que « nous » dirigions une des grandes régions de notre pays. S’en est suivie la campagne présidentielle. Sans s’appesantir sur le débat de l’entre deux tours – dont nous sommes sortis comme honteux -, faut-il rappeler que le score du deuxième tour ressemblait fort à ce que beaucoup d’entre nous pronostiquaient pour le premier… Les mois précédant le 23 avril ayant vu Marine Le Pen dégringoler dans les sondages avec une régularité de métronome.

Le résultat des élections aurait-il été diérent si le FN avait opté pour une ligne plus « buissonière » ? À quelques pourcentages près, je veux l’espérer. Au point de changer radicalement la donne, au fond de moi, je ne le pense pas. S’il faut renoncer à la sortie de l’euro – une idée pas seulement anxiogène mais mortifère pour notre économie -, s’il faut abandonner la défroque gauchisante qui voit Marine Le Pen plaider à la manière d’un cégétiste sur les questions sociales – durée du travail, retraite, code du travail… -, cela ne saurait suîre pour porter nos idées au pouvoir. C’est tout un programme qu’il nous faut réécrire. Qui ne soit pas un catalogue de La Redoute. Qui renonce à ce vocabulaire de « guerre civile » qui est trop souvent le nôtre.

Dans le cadre de nos institutions, on ne peut accéder aux manettes de l’Etat sans alliances. Or, même si le FN changeait sur les deux questions que je viens d’énoncer, je ne crois pas que cela suîse – comme je l’ai longtemps pensé – à briser l’étau qui nous enserre. Peut-on imaginer qu’en changeant de nom ou en procédant à quelques changements cosmétiques dans son programme ou son organisation interne, le FN sera plus fréquentable pour le reste de la droite ? On peut toujours se rassurer en l’aîrmant. Je n’en crois rien. L’impossibilité actuelle de former un groupe à l’Assemblée nationale témoigne – s’il en était besoin – de l’eîcacité du cordon sanitaire qui nous entoure. Quant à Marion Maréchal Le Pen, elle s’est mise d’elle-même hors course, nous lâchant au pire des moments…

Le problème – personne, dans les rangs du FN, n’ose le dire à haute voix mais beaucoup le répètent en catimini –, c’est qu’après le débat calamiteux, tant sur la forme que sur le fond, qui hante encore nos discussions, on est en droit de s’interroger : si Marine Le Pen a su sortir le FN de l’attitude uniquement protestataire où le cantonnait son père, est-elle aujourd’hui en position de le porter au pouvoir ? Cette question, aujourd’hui, ne peut, ne doit plus être un tabou. Les pas de danse esquissés le soir de la défaite alors que des millions de Français portaient le deuil d’un score humiliant resteront pour longtemps dans ma mémoire…

Alors que faire ? Commencer par en ïnir avec cette vieille chimère d’une alliance possible avec les « souverainistes de gauche ». Une ligne incarnée aujourd’hui par Florian Philippot, manifestement plus soucieux de son avenir que de celui de son parti… Rappelons-le, tout nous oppose à Jean-Luc Mélenchon, qu’il s’agisse de l’immigration, de la lutte contre l’islamisme ou de la défense de la famille.

Et si nous inventions autre chose ? Si nous prenions exemple sur Macron tout en n’oubliant pas qu’il avait tout le « système » avec lui quand nous l’avons contre nous ? Si nous jetions par dessus bord nos dirigeants, nos idéologues, nos stratèges en chambre ? En s’appuyant sur une jeune génération de militants aguerris dans les rangs de la Manif pour tous, sans tomber dans un discours « catho naphtaline ». En s’inspirant du travail de ces élus locaux – souvent « divers droite » – qui se coltinent le réel et que le nouveau pouvoir veut marginaliser au proït de politiciens toujours plus éloignés de nos concitoyens.

Mais surtout, il nous faut forcer la porte de la droite « classique ». Ne pas mettre tous les responsables des Républicains dans le même panier. À titre personnel, je me sens plus proche d’un Thierry Mariani, d’un Eric Ciotti, d’un Jacques Myard, d’un Lionnel Luca ou d’un Jean-Paul Garraud – et la liste est loin d’être exhaustive – que de certains frontistes nostalgiques d’un temps ou coutumiers d’une rhétorique qui me hérissent le poil. Il ne fallait pas présenter de candidats contre eux. Ce fut une erreur. À un moment donné, il faut bien que quelqu’un fasse le premier pas.

Une bonne nouvelle au milieu de ce champ de ruines. Et que nous devons à Emmanuel Macron. Plus besoin d’avoir vingt-cinq ans de militantisme derrière soi, d’être lardé de coups de couteaux de ses ennemis comme de ceux qu’on croit ses amis, de s’être épuisé en combat de coulisses, en motions ou en acrobaties d’appareil pour l’emporter. Nous ne savons peut-être rien de celui ou de celle qui pourrait, dans cinq ans, porter nos couleurs. Et c’est tant mieux.

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