Les services de renseignements espagnols et marocains viennent de lancer une mise en garde : cachés sous des burqas ou des niqabs, des membres de Daech font des va-et-vient réguliers entre l’Espagne et le Maroc. Les autorités espagnoles n’osent guère contrôler les porteurs de burqa : s’il s’agissait vraiment d’une femme sous le voile, ce serait « islamophobe » que de l’avoir contrôlée. Et les autorités marocaines ne se risquent guère à attiser les fièvres islamistes dans le royaume chérifien.
Selon des sources rapportées par le journal marocain Assabah, cette manière de se dissimuler a déjà permis à l’organisation islamo-terroriste de faire passer des centaines de djihadistes en Europe, « en les mêlant aux réfugiés syriens avant de recourir à la même entourloupe quand l’étau s’est resserré autour d’eux dans les pays d’accueil ».
Récemment à Nador, dans le nord-est du pays, la police marocaine a démantelé une cellule djihadiste dont les membres projetaient de commettre dans l’Oriental des attentats similaires à ceux de Paris. A cette occasion, plusieurs burqas et niqabs ont été saisis, avec des tracts incitant à utiliser ces vêtements pour passer les barrières sécuritaires. En plus des burqas et des niqabs, les infiltrés avaient utilisé de faux passeports portant des photos de femmes.
Pour faire face à ces menaces, un mémorandum d’entente portant sur le domaine informatique a été signé par l’ambassadeur marocain à Madrid, Mohamed Fadel Benyaich, et Ricardo Solo, ambassadeur chargé de mission spéciale pour la lutte contre la cybercriminalité au sein du ministère espagnol des Affaires étrangères.
Il ne se passe guère de semaines sans que la Brigade antiterroriste du Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ) ne démantèle des cellules djihadistes dans toutes les régions du Maroc. A Meknès, Essaouira (ex-Mogador) et Sidi Kacem, par exemple, une cellule composée de dix membres « dont un ressortissant français » (à savoir un bi-national…). L’opération a permis l’arrestation à El Jadida (ex-Mazagan) du chef de groupe, un Marocain originaire de Laâyoune. Plusieurs armes et des munitions, dont quatre mitrailleuses, quatre pistolets, un fusil à lunettes, ont été saisies. Le commando devait commettre, le 19 février, un attentat à la voiture piégée contre des institutions et des personnalités politiques du royaume.
Le 10 février dernier, la BCIJ avait démantelé une cellule de quatre hommes ayant déjà été condamnés en vertu de la loi antiterroriste. Ils sont passés directement de la case cellule (djihadiste) à la case cellule (des prisons marocaines).
Alain Sanders – Présent