Disparition des magasins d’instruments de musique…

Le chiffre qui circulait dans le métier était déjà impressionnant : plus de 200 points de vente ont disparu depuis 2014, remplacés en centre-ville par des enseignes d’habillement, de sport ou de restauration. Musikia, qui était le plus grand magasin de ce genre à Paris et l’un des principaux acteurs de ce secteur, sera le premier à baisser définitivement le rideau en 2016.

(…) La distribution d’instruments de musique, et plus généralement de tout ce qui permet de faire de la musique et de l’enregistrer, et pas seulement de l’écouter, subit elle aussi de plein fouet ces bouleversements, qui viennent amplifier la crise. Les uns après les autres, les magasins disparaissent en silence. Musikia n’est que la dernière fermeture en date, peut-être la plus visible.

(…) A vendre des livres ou des instruments de musique, on est plus vulnérable que si l’on vendait des baskets. Dans notre métier, les marges laissées par les grandes marques ou leurs grossistes-importateurs sont si faibles que la moindre erreur est fatale. Sans parler de l’effondrement du trafic dans les rues de Paris après les attentats, tous secteurs confondus.

Mais des erreurs, tout le monde en commet, même les meilleurs. Il y a des secteurs qui pardonnent, d’autres pas. Milonga, Euroguitar, le Marchand de Sons, Distribution Music, Hamm, Pianos Labrousse, Paul Beuscher, pour ne citer que les plus connus. La liste est longue des enseignes qui ont fermé tout ou partie de leurs magasins.

(…) Le plus étonnant, c’est que plusieurs magasins emblématiques en Europe ne survivent que grâce au soutien d’une poignée de passionnés à la fortune suffisante : Music Store à Cologne, Session Music à Francfort, Bax aux Pays-Bas… En France, l’aventure de Musikia est financée depuis dix ans par un investisseur venant de la grande distribution. Cela ne peut pas durer éternellement.

Il n’y a finalement qu’une seule vraie « success story » : le vépéciste allemand Thomann, qui a réussi à construire un mastodonte du secteur sur Internet, avec un chiffre d’affaires de plus de 600 millions d’euros en Europe. Plus d’un instrument sur six vendus en France vient de chez lui. Mais c’est un logisticien avant tout, comme tous les géants du Web. Son seul magasin, magnifique au demeurant, est logé au fond d’un vallon dans la campagne bavaroise…

La faute à Internet, alors ? Non, mille fois non ! S’il y a bien un secteur sur lequel on devrait pouvoir résister, c’est celui de l’instrument : une guitare, un piano, on veut le voir, le toucher, l’essayer, l’écouter. Encore faudrait-il que les magasins aient les moyens de cette différenciation. Sur Internet, la vieille maxime est plus vraie que jamais : « winners takes all », le premier rafle tout.

(…) Faire émerger un acteur de taille suffisante pour résister et amortir les charges ? Réclamer un abaissement de la TVA au niveau de celui du livre ? Demander une protection des prix, ou des subventions ? Les pistes de réflexion de manquent pas.

Source

Related Articles