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Selon les psychologues de l’Université du Michigan, la trilogie de T.L. James serait nocive pour la gente féminine car, de manière subliminale, elle rend la violence conjugale glamour.
En particulier la chercheuse Amy Bonomi a analysé les mécanismes de maltraitance dans la relation d’Anastasia et de Christian Grey, les personnages principaux de la trilogie. La docteur en Services de Santé, titulaire d’un master en Santé Publique, conclut qu’Anastasia «souffre des réactions typiques des femmes maltraitées». Mais ses statistiques sont très parlantes: les lectrices des Cinquante nuances auraient 25% de plus de chances d’avoir un partenaire qui abuse d’elles verbalement, 34% de chances en plus que leur partenaire les suivent dans la rue, et plus de 75% de chances qu’elles fassent des régimes radicaux ou consommes des produits amincissants. Celles qui ont lu la série entière auraient davantage de tendances à l’alcoolisme et à avoir de multiples partenaires.
L’aventure romantique et sadomasochiste du couple de fiction n’est peut-être pas si enviable. En effet, les réactions d’Anastasia ressemblent souvent à un syndrome de Stockholm non diagnostiqué voire sous-jaçant. Entre les humiliations que son partenaire lui fait subir et son attachement malsain au bel homme d’affaire, Anastasia devient vite une victime passive. Amy Bonomi déclare que «le problème vient du fait que (la trilogie) renforce le status quo au lieu de le défier».
Le collègue d’Amy Bonomi, Cris Sullivan, explique que le message de cette œuvre n’est pas «celui qu’on devrait transmettre aux hommes comme aux femmes». L’exemple donné est le suivant: l’homme abuse émotionnellement et physiquement, tandis que la femme subit. En bref, la trilogie rend la violence conjugale glamour. Ceci est le message subliminal dans les 70 millions d’exemplaires vendus des romans d’E.L. James qui circulent en ce moment.
Une étude nationale aux États-Unis démontre que 25% des femmes étasuniennes souffrent, ont souffert, ou bien souffriront de violence conjugale. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime ce chiffre à 71% des femmes dans le monde. Cris Sullivan espère que leur analyse aidera le public à «voir le livre avec un peu plus d’esprit critique plutôt que de le considérer comme la lecture sexy de l’été».
Ces romans montrent la tendance générationnelle de jeunes femmes de manquer de confiance en soi. Beaucoup de lectrices disent qu’elles s’identifient à Anastasia, ouvertement décrite comme «ordinaire». Dès le premier volume, l’héroïne montre sa dépréciation d’elle-même: elle ne se trouve pas à la hauteur du jeune Christian. Entre la course aux régimes, l’importance sociale grandissante de l’apparence et les Cinquante nuances qui tapissent les librairies, T.L. James ne laisse pas place au changement d’attitude face à la position de la femme dans la société.