Suite à la plainte du maire de Paris, un juge d’instruction a convoqué ce jour le responsable d’une association laïque pour le mettre en examen. Vous avez dit liberté d’expression ?
Chacun se souvient des hommages appuyés de la classe politique aux victimes des attentats du mois de janvier 2015, et notamment de la nomination de Charlie Hebdo au rang de citoyen d’honneur de la ville de Paris par madame Anne Hidalgo.
Tout nous portait à croire que notre liberté d’expression, cette valeur occidentale par excellence, était bien gardée, tant le troupeau de nos dirigeants se concurrençait à vouloir la défendre.
La France se découvrait, au travers des propos de son président de la République, une nouvelle divinité : « l’esprit du mois de janvier ». Et chacun d’applaudir à la défense de nos valeurs parmi lesquelles, bien entendu, figure la laïcité.
Cette laïcité a justement été mise à mal par madame le maire de Paris, qui a organisé aux frais du contribuable une « nuit du ramadan » à l’hôtel de ville, la facture s’élevant à 70.000 euros. De quoi faire réagir la presse et inspirer la satire, cette tradition toute républicaine et très française inscrite dans nos gènes depuis des siècles.
C’est dans ce contexte qu’une caricaturiste, « Ri7 », a dessiné le maire de Paris, madame Anne Hidalgo, dans une posture de soumission face à des musulmans radicaux la remerciant de son attitude, la caricature ayant été publiée sur le site Riposte laïque. Ce dessin s’est immédiatement attiré les foudres du maire de Paris, qui a déposé plainte pour « injure publique envers un citoyen exerçant un mandat public ».
À l’issue de l’enquête, le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire, et le responsable actuel du site Riposte laïque (qui est un citoyen suisse) a été convoqué par un juge d’instruction du tribunal de grande instance de Paris afin d’être mis en examen.
Est-il, dès lors, exagéré d’affirmer que la susceptibilité des puissants de ce monde, fût-elle au détriment de leur crédibilité tant elle concerne précisément les valeurs qu’ils prétendent défendre, pèse bien plus lourd dans la balance judiciaire que la stricte application des lois ?
La plainte n’aurait-elle pas dû être classée sans suite de par la nature évidente du dessin concerné, relevant de la liberté de la presse telle qu’elle est consacrée par notre Constitution ?
« Selon que vous serez puissants ou misérables, les jugements de Cour vous rendront noir ou blanc » (Jean de La Fontaine). À l’évidence, rien n’a changé…