Tribune libre d’Alexandre Vatimbella*
Comme le dit le dicton populaire, «l’espoir fait vivre». François Bayrou l’a fait sien et se voit bien en recours après le fiasco des socialistes au pouvoir. Et il rappelle que François Mitterrand et Lionel Jospin ont pu renaître de leurs cendres. Il aurait pu dire la même chose de beaucoup d’autres politiques, hommes ou femmes, notamment de Jacques Chirac en 1995. Mais cette dernière référence serait de droite et ne ferait que rappeler la prise de position de Bayrou pour l’ennemi mortel de trente ans du Corrézien, Edouard Balladur, lors de la présidentielle (un autre échec du président du Mouvement démocrate)…
Ce n’est sans doute pas très gentil d’espérer la faillite de la France pour conquérir le pouvoir mais l’espoir de l’ex-député béarnais lui a déjà permis de vivre depuis dix ans sans aucun résultat significatif (rappelons qu’arriver troisième d’une compétition qui ne qualifie que les deux premiers pour un round final n’a jamais été considéré comme un succès). Loin de nous de lui ôter ses projets d’avenir que certains pourraient qualifier d’illusions.
Ce qui est plus préoccupant, en revanche, c’est l’identification négative qui se fait désormais entre Centre indépendant et François Bayrou dans l’esprit des Français. Or, réduire le Centre a un homme, dont le parcours politique depuis 2002 est jalonné de nombreuses défaites n’est guère «porteur» pour ce courant politique. D’autant que le président du Mouvement démocrate n’a pas toujours été ce défenseur intransigeant et intangible du Centre indépendant qu’il veut incarner aujourd’hui. De 2007 à 2011, il a navigué à vue, réfléchi pour trouver un autre terme que «centre» pour qualifier son combat politique et ne s’est résolu à revenir au centre du Centre que par pure stratégie même si les positions qu’il défend sont souvent proches de ce lieu politique. Ainsi, son espoir n’est sans doute pas ce qui va faire vivre le Centre ces prochaines années.
Car l’important pour la France n’est pas que Bayrou soit un recours, c’est que le Centre ait une véritable politique à proposer pour être le recours gagnant face à la Droite et à la Gauche. Et là, ni Bayrou, ni Borloo, ni les autres n’ont un programme crédible en ce sens.
*Alexandre Vatimbella est journaliste et directeur du CREC (Centre d’étude & de recherche du Centrisme).
> Cet article est produit en partenariat avec le Centre d’étude & de recherche du Centrisme
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