L’Essor savoyard fait paraître un article sur Jonathan et Steven, un couple homosexuel qui s’est lancé dans une démarche de collecte de fonds de 80.000 euros pour financer une gestation pour autrui (GPA) à réaliser au Canada. Leetchi est l’organisateur de cette cagnotte.
Leetchi, vous savez, c’est une société de financement participatif, du « crowdfunding », bref, de collecte de fonds par Internet. Elle est filiale du Crédit mutuel. Leetchi gérait la cagnotte lancée pour aider la famille du champion de boxe Christophe Dettinger, lequel avait, lors d’une manifestation de gilets jaunes, confondu deux gendarmes avec des sacs de frappe. Des syndicats de police s’en étaient émus, Marlène Schiappa n’avait pas hésité et avait imputé publiquement aux donateurs de la cagnotte Dettinger une « complicité » qui fait encore se gausser même les juristes les plus incompétents. La société a clôturé prématurément cette cagnotte et Leetchi refuse, depuis, de verser les fonds, et il y aura bien évidemment des suites judiciaires. Sans entrer dans les détails de cette affaire, l’ouverture d’une cagnotte ressemble à un contrat de publicité, de collecte de fonds dans un but déterminé et de séquestre dont la licéité éventuellement contestée de l’objet aurait gagné à être vérifiée par Leetchi avant de démarrer la collecte, et non suite à des injonctions ministérielles. Fin de l’aparté.
Autant le dire, l’article sur Jonathan et Steven de promotion, avec lien vers la cagnotte, est très bienveillant. Il ne fait que mentionner l’illégalité locale de la gestation pour autrui sans entrer dans le moindre détail, sans donner le moindre embryon d’explication, comme si ce n’était qu’un particularisme juridique anodin en France par rapport aux États-Unis d’Amérique et au Canada. C’est un article qui, dans la lignée du roboratif plan média de Marc-Olivier Fogiel faisant la publicité de son livre, promeut la future normalisation d’une pratique en occultant tous ses aspects inacceptables.
Ni Marlène Schiappa, ni Nicole Belloubet, si promptes à dénoncer toute atteinte aux droits des femmes, ne se sont prononcées immédiatement contre cette cagnotte et n’ont intimé à Leetchi d’y mettre fin. Pourtant, la gestation pour autrui est bien un triple esclavage, avec la commercialisation d’ovules et d’un enfant qui deviennent objet de contrats, et la réduction en esclavage (même rémunéré) d’une mère porteuse qui voit ses libertés fondamentales réduites par contrat. Si soulager financièrement la famille d’un justiciable est une « complicité », qu’en est-il de ceux qui financent le prix de la délocalisation d’un acte illégal sous des juridictions plus permissives ? Ne sont-ils pas les commanditaires de cet acte, certes réalisé à l’étranger ?
Trois conclusions pour le prix d’une.
Un conseil (gratuit) à Leetchi : recruter un responsable de la conformité qui se pose de bonnes questions avant de laisser publier une cagnotte.
Un soupçon : les progressistes qui nous gouvernent n’ont même pas envie de se donner la peine d’être crédibles quand ils jurent, la main sur le cœur et avec force trémolos, que non, jamais au grand jamais, la GPA ne passera ! Les souhaits affichés d’une digue infranchissable entre PMA et GPA et d’un débat apaisé sur la PMA ne sont là que pour donner le change et endormir, si c’est possible, l’opposition. Réveillons-nous !
Rémi Mahoudeaux – Boulevard votaire