Son nom est encore inconnu en France, et pourtant, Costco est le deuxième distributeur mondial, derrière Walmart, avec 116,1 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Mais l’ouverture ce jeudi 22 juin, du tout premier club-entrepôt Costco dans l’Hexagone, à Villebon-sur-Yvette (91), fait du bruit. Là, sur 14.000 mètres carrés, entourés de 893 places de parking, et à condition de payer un abonnement de 36 euros par an, les particuliers comme les professionnels accéderont à des prix défiant toute concurrence: un pack de 40 petites bouteilles d’eau à 3,99 euros ou encore une formule hot dog et boisson pour 1,99 euro. Pour comprendre les dessous de cette machine à cash, Challenges a sauté dans un taxi en direction de l’Essonne, à la rencontre de Gary Swindells, président de Costco France.
Des prix bas à couper le souffle
“Si nous voulons vous inciter à renouveler votre carte de membres, nous ne pouvons pas nous contenter de petits rabais, il faut vous donner une raison de sortir de Paris”, nous explique ce dernier avec un délicieux accent québécois. Sa recette pour atteindre des tarifs à couper le souffle? “Nous vendons énormément de catégories de produits, mais très peu de références”, révèle le dirigeant. Alors qu’un hypermarché en France référence quelques 100.000 articles différents, le magasin de Villebon-sur-Yvette, lui, n’en compte que 3.800. De quoi permettre à l’enseigne d’acheter de grands volumes, et donc de négocier des tarifs extrêmement bas avec ses fournisseurs. “Une référence génère 1.000 à 1.500 euros de chiffre d’affaires par an dans un hypermarché, contre 45.000 à 50.000 euros par an dans un Costco!”, pointe Gary Swindells. Pas étonnant donc, que le chiffre d’affaires d’un club-entrepôt Costco atteigne en moyenne 170 millions de dollars par an, soit environ 153 millions d’euros, l’équivalent du cinquième plus gros Leclerc de France, selon le classement réalisé par le magazine Linéaires.
En cette veille du jour J, Gary Swindells, n’a vendu que 10.500 abonnements. Voilà qui va lui coûter une caisse de champagne faute d’avoir gagné son pari d’atteindre 50.000 cartes, pari passé avec le spécialiste de la distribution Olivier Dauvers. Mais l’irréductible optimiste qui a débarqué dès 2012 dans l’Hexagone pour lancer le projet Costco, et que les recours déposés par ses concurrents pour retarder l’ouverture n’ont pas découragé, reste confiant. Il s’attend à séduire les Français une fois qu’ils auront vu le phénomène. Sauf si ces derniers se sentent déjà archicomblés par les nombreux acteurs de la grande distribution présents… L’Hexagone, réputé pour la saturation de ses mètres carrés commerciaux, peut-il faire de la place à un nouvel acteur? “Si je venais proposer quelque chose qui existe déjà, je comprendrais l’argument, mais ce n’est pas le cas”, rétorque Gary Swindells, sans perdre son sourire. “Beaucoup de gens nous comparent à Metro mais Metro est beaucoup plus spécialisé en alimentation. La moitié de notre chiffre d’affaires provient du non alimentaire.” Packs de lessive, serviettes de plage ou encore canapés-lits côtoient ainsi les fruits et légumes, la charcuterie et l’épicerie. Surtout, Gary Swindells mise sur les 500 références de “la chasse au trésor”, ces opérations ponctuelles visant à surprendre les clients. L’an dernier, le groupe américain a vendu 468.000 voitures et 159.000 carats de diamants.