C’est une question de cours de la sociologie américaine depuis les années soixante : on a constaté une « white flight » de certains quartiers des villes des États-Unis, sous la pression de nouvelles populations considérées comme hostiles ou dangereuses par les habitants habituels. Un phénomène semblable se passe en France, plus précisément en Île-de-France, pour les juifs, dont la communauté est évaluée, dans notre pays, à un demi-million de personnes.
On relève que de nombreux juifs ont quitté et continuent de quitter les départements de l’Est parisien depuis quelques années. D’après Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’IFOP, repris par de nombreux sites journalistiques ces derniers jours, en quinze ans, la population juive s’est « effondrée », en Seine-Saint-Denis notamment. Les juifs fuient le 9-3. « À Aulnay-sous-Bois, le nombre de familles de confession juive est ainsi passé de 600 à 100, au Blanc-Mesnil de 300 à 100, à Clichy-sous-Bois de 400 à 80 et à La Courneuve de 300 à 80. » Il a recensé et expliqué ce phénomène dans son livre L’an prochain à Jérusalem ?, coécrit avec Sylvain Manternach.
Or, précisément, les partants ne s’en vont pas tous à Jérusalem, même si l’aliyah croît : 8.000 départs pour Israël en 2015. Beaucoup choisissent le Royaume-Uni, le Canada ou les États-Unis, de plus nombreux choisissent simplement… Paris ou les départements de l’Ouest parisien. Comme beaucoup d’autres Français gênés par le Grand Remplacement et les inconvénients provoqués par les nouveaux arrivants, les juifs de France participent à la grande fuite vers les beaux quartiers.
Ce « Jew flight » a commencé avec la seconde intifada en 2000. Alain Benhamou, 71 ans dont 40 passés à Bondy, explique : « Jusqu’aux années 2000-2005, la ville était agréable… [les] synagogues remplies pour shabbat. » Mais les choses ont aujourd’hui bien changé : « Après un deuxième cambriolage en l’espace de deux mois et demi, qui plus est à caractère antisémite, notre place n’est plus à Bondy. » Et de déplorer « les territoires perdus de la République ».
Au Raincy, à Sarcelles, élus et rabbins constatent un « sentiment d’insécurité », des personnes se trouvant obligées de « cacher leur kippa ou leur étoile de David », et même des actes hostiles, « des femmes et des enfants frappés, des croix gammées sur la porte d’entrée ». Pour fuir cela, beaucoup de juifs migrent vers des coins encore tranquilles et s’y regroupent pour y former des « ghettos » spontanés. La « petite Jérusalem » du moment serait le XVIIe arrondissement de Paris.
Ne demandons pas qui provoque ce « Jew flight », ce serait terriblement « phobe » et tomberait probablement sous le coup de plusieurs lois.