Le record du 1er avril n’est pas un poisson d’avril : les prisons françaises ont hébergé près de 69 000 détenus pour 56 600 places. C’est dire les risques d’explosion lorsqu’on sait que les gardiens ont de plus en plus de peine à maintenir la discipline. Discipline qui s’effiloche chaque jour pour de nombreuses raisons, dont les moindres ne sont pas les normes européennes et celles de la Cour européenne des droits de l’homme.
Jusqu’au Contrôleur des lieux de privation de liberté qui veut encore assouplir le régime des prisons en préconisant le téléphone dans les cellules.
Nous sommes alors en pleine utopie ! Il est tout de même difficile de supposer que le Contrôleur des prisons ignore que certains détenus arrivent à diriger leurs réseaux depuis la prison, en particulier lorsqu’il s’agit de drogue ou de prostituées.
Les incidents en prison sont journaliers : prises d’otages, tentatives d’évasion, grèves et mutineries de détenus qui deviennent de plus en plus exigeants.
Alors, face à l’incompréhension des autorités, les gardiens qui ne peuvent venir à bout d’une population pénale de plus en plus nombreuse et de plus en plus dangereuse, se mettent aussi en grève.
Il ne faut pas se dissimuler que la vie en prison, pour les coupables comme pour les innocents, est un enfer.
Car si le personnel de surveillance n’a plus l’autorité nécessaire pour imposer une juste discipline, ce sont les caïds qui s’imposent, avec tous les trafics que cela implique.
Et cette vie en prison est si terrible que chaque année, une moyenne de 100 suicides est enregistrée. Certains prisonniers sont si dangereux qu’ils tuent leur codétenu : car faute de place les détenus sont trop souvent plus qu’à l’étroit en cellules. Notons par exemple qu’il y eut une tentative d’assassinat commis par un condamné sur un autre à qui il a tranché la veine jugulaire avec un tesson de vaisselle en ce début d’avril 2014 à la maison centrale de Lannemezan (Hautes-Pyrénées).
Ne croyons pas que le danger existe seulement pour les codétenus, il existe aussi pour les gardiens.
Dans ce milieu, les clans sont un moyen de survie : c’est pourquoi les djihadistes recrutent beaucoup plus que tous les autres. Une bonne partie des nouveaux convertis à l’islam est passée par la prison.
Alors, quel remède à cette situation gravissime ?
Christiane Taubira refuse de construire de nouvelles prisons pour désengorger celles qui sont trop pleines.
Elle ne peut pas arguer d’une baisse de la délinquance, car elle a certainement eu connaissance des rapports de l’Inspection générale de l’administration (IGA) qui a établi que le ministère de l’Intérieur comme la préfecture de police de Paris ont systématiquement minimisé les chiffres de la délinquance pour faire croire à l’efficacité de leur action (rapports de juillet 2013 et mars 2014). Leur action, à vrai dire, se limitant à la manipulation des statistiques !
Comme les peines prononcées par les tribunaux ne sont guère exécutées (en vertu de la loi elle-même) car il y a de nombreux moyens légaux d’échapper à la prison, la délinquance ne peut que croître. Les peines ne sont donc plus dissuasives. C’est pourquoi le nombre de meurtres, d’assassinats, de viols et d’attaques à main armée ne cesse d’augmenter.
Pour les crimes les plus graves, il conviendrait de réviser notre arsenal répressif. Mais aucun ministre, aucun homme politique n’ose plus parler de rétablir une nouvelle échelle des peines qui comprendrait la peine capitale pour les faits les plus graves (terrorisme et assassinat d’enfants par exemple) et les travaux forcés pour d’autres sortes de délinquants, ou encore le bannissement pour certains trafiquants de drogue.
Il est trop évident que cet immobilisme, qui tient entre autres aux traités européens, va exploser sous la pression de la terrible réalité. Car outre l’article 66-1 de la Constitution française adopté à l’instigation de J. Chirac, les protocoles n° 6 et n° 13 additionnels à la Convention européenne des droits de l’homme excluent la peine de mort du code pénal (le protocole n° 13 l’exclut même en temps de guerre, ce qui est de l’humour très noir).
Pour résoudre ces graves problèmes, faut-il attendre une révolution ? Il n’est plus urgent de temporiser.
Custos