Incontrôlés…

 

PADAMALGAM ! On nous avait déjà fait le coup avec l’islam, religion d’amour et de paix si contraire à l’islamisme, et on remet ça avec les indignés de la République. Interdiction formelle de mélanger les protestataires et les casseurs profitant de chaque Nuit debout pour lapider du flic, caillasser les vitrines – et éventuellement se servir au passage – même si les initiateurs de « Convergence des luttes » se refusent obstinément à condamner ceux que Le Point, hebdo réputé de droite, qualifie joliment d’« éléments incontrôlés ».

Oubliant que, pendant le printemps terrible qui sépara en 1962 les accords d’Evian de l’indépendance de l’Algérie, c’est à des « éléments incontrôlés » mais obéissant à ses ordres que le FLN assigna la mission de terroriser les Européens et les musulmans fidèles à la France par une politique systématique d’enlèvements (plus de trois mille) et de massacres. Une purification ethnique bien pire que celle menée en Yougoslavie à la fin du XXe siècle et, elle, parfaitement réussie, puisqu’elle aboutit à l’exode du sixième de la population. Et un cataclysme apparemment passé par profits et pertes, comme du reste la tragédie indochinoise, par le pape François pour lequel la situation provoquée par le chaos en Syrie est « la pire catastrophe humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale ».

Macron ou l’homme (trop) pressé et Chauprade la balance
Vous me direz que les « quartiers » ne sont pas les seuls à fournir des incontrôlés. Le PS a les siens, ainsi de Macron dont l’activisme échevelé vient d’ailleurs de se retourner contre lui avec l’interview hilarante, car très style Nous deux (« L’amour a tout emporté sur son passage… Impossible de lui résister », « Mon mari est un chevalier », etc.), accordée par Madame à Paris Match, et pour laquelle le ministre de l’Economie a dû confesser une « bêtise ». Un comble de la part de cet arriviste forcené qui a recruté à son cabinet Ismaël Emelien et Anne Descamps, deux fils de pub’ venus tout droit d’Havas et protégés de Stéphane Fouks, le pape de la com’ politique. Mais le jeune ministre a des excuses : comment ne pas se prendre pour Dieu (mitterrando sensu) quand, soudain, tous les newsmagazines vous présentent comme le phénix des hôtes de ces bois et vous affichent en couverture ?

Des incontrôlés, le Front national a (ou a eu) lui aussi son compte, de cette candidate vite congédiée qui avait attenté à la dignité simienne en comparant certain garde des Sceaux à une guenon, ou de ce responsable assimilant dédaigneusement l’opposition à la loi Taubira à « la culture du bonsaï » (parallèle d’ailleurs bien choisi – involontairement –, le mariage homo et la nanification des arbres relevant également de l’antinature). Mais la palme revient sans doute à Aymeric Chauprade qui, après avoir adulé Marine, puis s’être frité avec elle, a confié au Monde son espoir « que des migrants veuillent venir en France et prendre part à notre histoire commune, à notre langue, à notre culture » et sa conviction d’être « de plus en plus proche » du parti sarkozyste au point de « souhaiter pouvoir jouer un rôle dans un éventuel dispositif de droite de gouvernement », précisant qu’il serait une redoutable « arme anti-FN pour la droite ». Et d’expliciter, sans la moindre honte : « Je sais tout sur ce parti, je n’ai pas dévoilé toutes mes cartes, et ça, ils le savent chez Les Républicains. » Auxquels on ne saurait trop conseiller de se méfier : tout indique qu’après trois p’tits tours insuffisamment applaudis, Chauprade claquerait la porte pour devenir une arme anti-LR.

Sarkozy, esclave du « caprice du moment »
Au demeurant, l’ex-UMP est déjà bien pourvue en incontrôlés, tel son vice-président Laurent Wauquiez que son rival Bruno Le Maire décrit comme un homme « sans foi ni loi, prêt à tout et limite violent ». Pour le moment, le remuant président de Rhône-Alpes jure qu’il « ne va pas planter un poignard dans le dos de Sarkozy ». Mais qu’en sera-t-il demain si l’Ex continue, parallèlement à Hollande, sa descente aux enfers car victime, comme son successeur, de la petite bête blonde qui monte, qui monte ? Ce qui ne l’empêche pas du reste de lever des fonds pour soutenir sa candidature alors qu’il « devrait prendre acte que pour lui, aujourd’hui, c’est fini », affirme son vieil ennemi Jean-Louis Debré qui le traite de « chef de clan », « sans aucun sens de l’Etat ».

Encore un incontrôlé ? Sans doute, mais aussi incontrôlable. Dans Le Mystère Sarkozy (éditions du Rocher, 2016), livre dont je n’ai pas réussi à déceler s’il relève de l’hagiographie ou de la descente en flammes, Samuel Pruvot, rédacteur en chef de Familles chrétiennes, cite Denis Tillinac selon lequel le « nabot » (Chirac dixit) est « un postmoderne qui veut à la fois le pouvoir, le bonheur et la liberté », Michel Maffesoli ajoutant que « dans la postmodernité, il y a une forme de jeunisme, la société devient adolescente, elle est toujours en devenir. Sarkozy a ce côté imprévisible et juvénile »… Comme les piliers des « Nuits debout ».

Encore ceux-ci ont-ils des convictions gauchistes tandis que le vainqueur de 2007 n’a pas plus de convictions que de sens de l’Etat. Un des chapitres du Mystère Sarkozy s’institue « Le proclérical » mais si, pour ses fils, le politicien a choisi « les titulaires des paroisses de Neuilly : saint Pierre, saint Jean et saint Louis », est-ce par dévotion ou par pur électoralisme, celui qui l’avait poussé, maire de Neuilly, à inaugurer la tradition d’un repas casher annuel offert à toute la communauté juive de sa ville et à courir tous les offices du Yom Kippour dans les synagogues locales ?

Que penser aussi de son enthousiasme (« C’était génial ! ») devant la retransmission télévisée d’une messe africaine à Evry, de son emballement pour Sœur Emmanuelle et le Père Gilbert, gens de foi sans doute mais surtout très médiatiques, et de sa décision d’être le premier président de la République à honorer de sa présence le raout annuel du CRIF ? Où il déclara avec solennité le 9 février 2011 : « Le judaïsme a contribué à forger l’identité de la France… Si la France a des racines chrétiennes, pourquoi le nier, elle a aussi des racines juives. »

Ainsi que coraniques ? Témoin des interminables palabres ayant précédé l’installation du calamiteux Conseil français du culte musulman mis en place par Sarkozy alors ministre de l’Intérieur, un négociateur a raconté à Samuel Pruvot : « J’ai plusieurs fois parlé avec lui du risque d’islamisation de la France. Il m’a répondu que l’objectif était de capter le vote des musulmans ! Nicolas Sarkozy est dans le caprice du moment. Il voit son intérêt avec les musulmans comme avec les autres », et peu lui chaut l’intérêt supérieur de la nation française, à laquelle il est aussi étranger que les lascars profitant de chaque Nuit debout pour accumuler bastons et destructions. Qui donc l’avait surnommé « le voyou de la République » ? Un sobriquet bien choisi.

Camille Galic – Présent

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