Le torchon brûle entre l’exécutif et le Sénat…
Pour le sénateur Sébastien Meurant, qui réagit au micro de Boulevard Voltaire, il est sain que la Macronie n’ait pas tous les pouvoirs.
Le Sénat a décidé de confier à la Justice, non seulement Alexandre Benalla, mais également Vincent Crase, Patrick Strzoda et deux autres personnalités. Pourquoi avoir élargi le cas Benalla à ces personnes ?
Tout simplement parce qu’ils ont, vraisemblablement, menti devant une commission d’enquête parlementaire. Pour respecter la Constitution et le rôle de contre-pouvoir et de contrôle du Parlement, en l’occurrence du Sénat, il était du devoir du bureau du Sénat de transmettre à la Justice. Cette dernière a d’autres moyens pour enquêter et prononcer une peine à l’encontre de ces personnes pour faux témoignage. Tout cela est prévu par la Constitution.
Édouard Philippe a boudé les questions au gouvernement au Sénat. Richard Ferrand, lui, de son côté, a annulé une réunion… Cela va-t-il aggraver la crise politique entre le gouvernement et le Sénat ?
Ces deux comportements sont très graves. Nous sommes encore dans un régime parlementaire et non un césarisme démocratique.
Je rappelle que sous Napoléon III, empereur, il y avait des plébiscites ; ce n’est pas le cas sous la Ve République. Tous les Français savent bien que la commission d’enquête du Sénat a fait son travail. On ne peut pas en dire autant de l’Assemblée nationale.
Qu’un Premier ministre, qu’un président de chambre de l’Assemblée nationale se comportent ainsi laisse à penser qu’il n’y a plus de contrôle parlementaire en France. Les Français jugeront. Tous les débats ont été publics. L’Assemblée nationale dirigée par monsieur Ferrand a fermé le dossier. Alors que le Sénat a poussé sa commission d’enquête jusqu’au bout et est tenu par la Constitution.
Je crois que tout le monde est d’accord pour dire qu’on s’approche beaucoup plus de la vérité au Sénat qu’à l’Assemblée nationale sur cette affaire.
Il s’avère que les trois personnages que vous avez cités ont, vraisemblablement, menti. C’est donc à la Justice de faire son travail. Le Sénat, lui, a fait son travail. En revanche, le comportement du Premier ministre et du président de l’Assemblée nationale est extrêmement dangereux.
Sommes-nous encore dans une démocratie équilibrée ? Avec de tels comportements, nous pouvons en douter sérieusement!
La Ve République, c’est une Constitution, des textes, une pratique et un état d’esprit. On peut se demander si le Premier ministre et l’Assemblée nationale n’attendaient pas que le Sénat se couche par crainte d’une réforme de la Constitution. Ce type de comportements est extrêmement grave. Cela remet en cause tout simplement le très frêle équilibre des pouvoirs. Je rappelle que le rôle de l’Assemblée nationale, comme celui du Sénat, est de contrôler le gouvernement.
Sachant que le Sénat est la seule chambre d’opposition et que l’Assemblée nationale est acquise au gouvernement, le Sénat n’aurait-il pas pu agir dans un but politique pour déstabiliser l’adversaire politique que représente la majorité de La République en marche ?
Le bureau du Sénat est constitué de tous les groupes. Le bureau du Sénat et le Sénat ont fait leur travail. Si monsieur Benalla et les personnes citées n’avaient pas menti, tout se serait arrêté là.
Quelle est la vérité ? Peut-on mentir au Sénat et à l’Assemblée nationale sous serment ? Voilà les vraies questions. Visiblement, à l’Assemblée nationale, cela ne pose pas de problèmes.
Je retourne donc la question. Pourquoi l’Assemblée nationale a-t-elle refermé le dossier ? Eux n’ont pas fait leur travail. Tandis qu’au Sénat, nous savons que la commission a enquêté jusqu’au bout. Tout cela est public.
Les pratiques instaurées par ce nouveau monde sont inquiétantes. L’équilibre du pouvoir existe encore grâce au Sénat.
Ce combat n’est pas un combat politique, mais un combat pour la vérité et pour la meilleure organisation de notre système politique. Le Sénat a obéi et suit les textes de la Constitution. Il est conforme à son histoire. Il a été, de tout temps, et même à l’époque du général de Gaulle, un pôle d’équilibre républicain. Il faut que le sieur Premier ministre et le sieur Ferrand s’accommodent de cela ! Ils ne sont pas tout-puissants et la Macronie n’a pas tous les pouvoirs.