François Hollande est-il réellement à l’origine des ennuis qu’ont eu dernièrement à affronter ses adversaires politiques (à droite comme à gauche) ? C’est ce que soutiennent deux journalistes du Canard Enchaîné dans un livre, Bienvenue Place Beauvau, Police : les secrets inavouables d’un quinquennat, co-écrit avec la journaliste indépendante Olivia Recasens, dont Valeurs Actuelles et L’Express ont publié les bonnes feuilles cette semaine.
Selon eux, le chef d’Etat aurait un cabinet noir : il chercherait à s’informer sur ses opposants, par le biais du ministère de l’Intérieur et de ses outils de surveillance, afin de mieux les déstabiliser et faciliter sa réélection – alors qu’il envisageait encore de se présenter à sa propre succession. “Derrière ces ennuis à répétition qui ciblent les principaux rivaux du président sortant, difficile de ne pas voir la patte de Hollande”, estiment les journalistes dans leur ouvrage.
Le président surveillerait ainsi chacun de ses adversaires, Nicolas Sarkozy et Manuel Valls en tête. Ce cabinet noir serait à l’origine de la rumeur selon laquelle l’ex-Premier Ministre entretiendrait une liaison avec Najat Vallaud-Belkacem. “Manuel Valls croit voir partout l’ombre maléfique de Hollande. Son entourage en est totalement persuadé : le Château fomente des coups bas contre lui”, rapportent les auteurs du livre.
Quant à Nicolas Sarkozy, le président se serait servi de ce système pour l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle. En février 2014, déjà, François Hollande y allait d’une confession face à des députés PS qui prendrait désormais tout son sens : “Sarkozy, je le surveille, je sais tout ce qu’il fait”. Un livre aux révélations choc qui pourraient sérieusement ébranler le chef d’Etat, à quelques semaines seulement de son départ de l’Elysée.
Secrets d’État, compromissions et guerres fratricides : bienvenue place Beauvau !
La machine policière française est opaque et sclérosée. Hollande et ses ministres, faute de vouloir et de pouvoir la transformer en profondeur, ont tenté de s’en servir à des fins politiques. Pour qui veut contrôler les affaires, le ministère de l’Intérieur est en effet un lieu stratégique, grâce aux grandes oreilles des renseignements et aux yeux aguerris des flics en tous genres.
Pourquoi la légalité est-elle si souvent bafouée chez ceux qui sont précisément censés faire régner l’ordre ? Le Président a-t-il un cabinet noir ? Faut-il être franc-maçon pour réussir dans la police ? Qui mettra un terme à la guerre sans merci que se livrent les diverses officines de renseignement ? Comment la gauche s’est-elle accommodée des réseaux mafieux corses ? Quel est le poids du FN dans la police ?
Dans le plus grand secret, les auteurs ont mené leurs investigations durant plusieurs années. Ils ont interviewé des centaines de témoins (ministres, conseillers spéciaux, patrons de police, agents de renseignement, gardiens de la paix…), ont écumé les commissariats, fouillé le ministère, épluché les dossiers les plus confidentiels pour livrer cette enquête percutante et mettre en lumière le plus cuisant échec du quinquennat qui s’achève.