La note que nous publions en bas de cet article, tous les directeurs de prison l’ont reçue. Elle donne des indications sur la manière de dépenser les 7,2 millions d’euros de crédits du plan de lutte antiterroriste (PLAT) alloués aux prisons pour l’année 2016.
(…) Ainsi les activités socioculturelles chargées de « promouvoir la citoyenneté et le vivre ensemble » y figurent en bonne place. Les directeurs d’établissements sont encouragés à développer des conférences-débats, des « formations à l’arbitrage », des « ateliers de découverte des cuisines du monde », ou des « actions de médiation animale », une technique qui mobilise des animaux de compagnie pour réduire le stress, les troubles mentaux, physiques ou sociaux.
Parmi les « actions destinées à réduire les facteurs susceptibles de favoriser la radicalisation violente », l’administration lance un appel à projets sur « la mise en œuvre d’actions centrées sur la conjugalité et la parentalité ». Avant de conclure : « L’action de l’administration pénitentiaire en matière de prévention et de lutte contre la radicalisation étant très observée, nous devons être en capacité de justifier précisément de l’utilisation des crédits obtenus dans le cadre du plan de lutte antiterroriste, notamment en matière d’insertion et de prévention contre la récidive. »
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C’est la deuxième année que le ministère de la Justice finance ce plan de lutte antiterroriste. Et l’utilisation de ces crédits contrarie les syndicats pénitentiaires. Ces derniers ne remettent pas en cause l’utilité de ces opérations, mais dénoncent la précipitation de l’administration à les estampiller comme antiterroristes. « L’année dernière, avec ces crédits, il y a eu un effet d’aubaine. On a acheté des centaines de ballons de foot, on a financé des cours de sophrologie, des sorties en catamaran… Ce sont des actions réellement intéressantes dans la vie d’une prison, mais qui n’ont rien à voir avec de la lutte antiterroriste », s’agace Jean-François Forget, président de l’UFAP-Unsa Justice, premier syndicat pénitentiaire. « Les fonds sont arrivés avant la réflexion », confirme Jimmy Delliste, secrétaire général de FO-Direction, principal syndicat des directeurs de prison.