Coiffeur ne rime pas du tout avec bonheur!

Par quel maléfique subterfuge les coiffeurs ont-ils réussi à nous faire croire qu’on pouvait passer chez eux « un bon moment » ? Aller chez le coiffeur, c’est évidemment une épreuve. Les hommes le savent depuis longtemps, eux qui retardent le moment fatidique le plus possible, et qui confient leur tête non à celui qui a le plus de talent, mais bien à celui qui parle le moins.

Il est temps que les femmes, à leur tour, se révoltent contre les funestes magazines qu’on leur destine et qui continuent obstinément à perpétrer le mythe du coiffeur « détente ». La première des punitions étant bien sûr le prix, la coupe pour femmes étant systématiquement plus chère que pour les hommes. Et non, un massage du cuir chevelu et un siège pivotant ne suffisent pas à faire passer la pilule.

On a beau savoir que les cordonniers sont les plus mal chaussés, comment ne pas ressentir une pointe d’angoisse devant les audaces des professionnels de la coiffure ? Si l’on devait se livrer à une étude statistique, on s’apercevrait sans nul doute que le pourcentage d’hommes qui pratiquent la « calvitie longue » est significativement plus élevé chez les coiffeurs que dans le reste de la population. Si ces personnes pensent que le fait de rabattre une longue mèche sur un crâne chauve permet de régler le problème, comment leur faire confiance ?

Difficile également de garder son sang-froid quand intervient l’éternelle question : « Qu’est-ce qu’on fait ? ». On pense inévitablement au sketch Jean-Marie Bigard, celui où le garçon accueille des clients au restaurant en demandant « C’est pour dîner ? » (« Non c’est pour faire un tennis, connard ! »).

Et les choses ne s’arrangent nullement quand on « passe au bac ». Là aussi, il faut faire face au moment fatidique où le/la shampooineuse demande « On fait un soin ? ». Attention à ne pas vous laisser abuser par l’apparente innocence de la proposition. L’usage du « on » annonce une collaboration tacite entre la coiffeuse (mettons que c’est une femme), qui appliquera une crème démêlante sur vos cheveux, et vous-même, qui allez débourser 9 euros (en prix parisien) pour ce service que vous imaginiez peut-être gratuit.

Toute réponse négative sera punie par un démêlage énergique au peigne, directement dans le bac, ce qui a généralement pour effet de vous débarrasser d’un tiers de votre masse capillaire. Pas content ? Il fallait cracher au bassinet. « Mais vous faites des soins, quand même, chez vous ? », insiste la dame pour bien signifier que vos cheveux ressemblent à un balai à chiottes et que vous feriez bien de vous en occuper. A la longue, ces accusations de maltraitance à peine voilées attaquent l’estime personnelle.

Enfin, pendant la coupe, les coiffeurs tiennent toujours à savoir si vous avez des projets de vacances. En coulisses, ils tiennent certainement les comptes des destinations les plus en vogue, peut-être même sont-ils des agents infiltrés qui envoient des rapports détaillés au ministère du Tourisme. Quoi qu’il en soit, si vous n’avez pas un radis à mettre dans une semaine au ski, vous n’avez plus qu’à trouver un autre sujet pour engager cette laborieuse conversation à laquelle vous n’échapperez pas. Vous pouvez toujours essayer de ne pas répondre, mais on vous rappelle que la personne au-dessus de vous a une paire de ciseaux dans la main.

Chez le coiffeur, vous êtes dans une position de soumission totale. C’est donc sans moufter que vous endurez un brushing-punition réalisé avec un sèche-cheveux qui brûle le crâne. Le résultat est infaillible : à la sortie du salon, vous ressemblez à Patrick Juvet. Alors oui, il faut bien y passer de temps en temps. Mais cessons de prétendre que c’est une partie de plaisir.

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