Si l’on en croit les médias bien-pensants, les gilets jaunes auraient répandu dans l’espace public une vague d’antisémitisme sans précédent depuis les années 1930. Passons sur le côté fantasmagorique de l’accusation. Alain Finkielkraut, bien placé pour parler du sujet, puisqu’il fut, lui, victime d’une agression manifestement sur la base de son appartenance au peuple juif, a fort bien rétorqué que cela n’avait rien à voir avec les gilets jaunes. C’est une évidence. La réalité, c’est que, si l’antisémitisme se développe en France, c’est très largement du fait du développement de l’islamisme plus ou moins radical. Les promoteurs de l’immigration sont donc les derniers à pouvoir légitimement critiquer cette éventuelle recrudescence de l’antisémitisme.
Mais ce qui me frappe surtout, c’est le « deux poids, deux mesures » qui s’exerce dans l’indifférence générale de la caste politico-médiatique.
Les pouvoirs publics réagissent avec vigueur à des graffitis touchant des symboles juifs et ils ont bien raison, car rien ne justifie d’humilier une personne dans sa foi ou dans ses racines culturelles. Mais ils restent muets devant des profanations d’églises. Les exactions les plus graves et les plus nombreuses les laissent de glace.
Doit-on en déduire que, pour les oligarques, les catholiques sont des citoyens de seconde zone, sur lesquels on peut s’essuyer les pieds sans vergogne ?
On peut d’autant plus le penser qu’au sommet de l’Etat, où, normalement, devraient siéger des personnes sages, aptes à calmer les esprits échauffés, figurent pourtant des personnes qui mettent délibérément de l’huile sur le feu. C’est ainsi que la sémillante ministresse Marlène Schiappa s’est cru autorisée à dire : « Je ne mets pas sur le même plan la Manif pour tous [dont il est notoire que les manifestants étaient majoritairement catholiques] et les terroristes islamistes, mais je souligne l’existence d’une convergence idéologique. » Je ne suis pas certain que cette phrase ait le moindre sens, mais, si elle en a un, cela ne peut être que celui-ci : défendre (pacifiquement faut-il le rappeler ?) le mariage homme-femme et le droit des enfants à ne pas être privé artificiellement par l’Etat de leur père ou de leur mère, c’est défendre la même vision de l’homme, de la société et du monde que les assassins djihadistes. C’est-à-dire une vision criminelle. Et, déjà, on commence à entendre en Occident des voix réclamant la criminalisation de l’enseignement moral catholique – supposément hostile aux femmes ou « LGTBphobe » comme on dit dans la novlangue contemporaine.
Prenons-y garde : les persécutions violentes ont toujours été précédées de telles campagnes de dénigrement.
Non, il n’est pas du tout anodin que, dans l’indifférence générale, on profane les saintes espèces dans les tabernacles avant de souiller les autels et de tenter de mettre le feu aux églises. Non, il n’est pas du tout anodin que des fanatiques d’extrême gauche taguent, sans être jamais inquiétés (voire en étant protégés par le pouvoir, comme le montrent tant de séquences vidéo relatives aux manifestations des gilets jaunes), que « la seule église qui illumine est celle qui brûle ». Non, il n’est pas du tout anodin qu’un ministre insulte des millions de catholiques qui ont simplement le malheur de ne pas être de son avis et de ne pas considérer que la révolution sexuelle soit réellement une libération pour la femme. Si elle n’était pas engluée dans son idéologie d’arrière-garde, Mme Schiappa verrait bien que le mariage chrétien est infiniment plus respectueux de la femme que sa répugnante promiscuité sexuelle, dans laquelle la femme n’est plus qu’un objet de plaisir égoïste.
Ces insultes sont gravissimes, surtout venant d’un membre du gouvernement. Au fait, essayez de mettre, par exemple, « le grand rabbin » à la place de « la Manif pour tous » dans la phrase de Marlène Schiappa – ce qui est d’autant plus facile que, naguère, le grand rabbin avait publié un texte remarquable et abondamment partagé parmi les sympathisants de la Manif pour tous, contre la loi Taubira – et regardez les réactions. Je gage qu’il ne faudrait pas attendre longtemps une condamnation unanime du gouvernement. Est-ce à dire, encore une fois, que les catholiques sont, en France, des citoyens de seconde zone (ou, Mme Schiappa, si vous ne comprenez déjà plus le français, des dhimmis) ?
Pourtant, aussi graves que soient ces insultes, ce n’est même pas le pire de ce que nous avons entendu ces derniers jours. Le pire vient du dérèglement total des institutions – qui se grippent dès qu’il s’agit de « chasse au catho ». Regardez ce qui s’est passé avec le film de François Ozon, « Grâce à Dieu » – film manifestement entièrement à charge, visant à faire de l’Eglise un repaire de détraqués sexuels (je dis manifestement, car je ne l’ai pas vu et n’ai aucune intention de le voir : mes impôts servent déjà à financer la haine cathophobe de ceux qui font profession de nous gouverner, je ne vais pas en plus donner librement à des gens qui crachent sur ce que nous avons de plus cher. Je n’ai donc vu que la bande-annonce et cela m’a amplement suffi !). En soi, il est déjà révélateur du climat social qu’un tel film de propagande haineuse puisse être tourné. Sur aucune autre religion que celle qui a façonné notre pays, cela n’aurait été envisageable sans d’abondantes protestations publiques. Là, au contraire, on n’a pratiquement entendu aucun son discordant dans le concert d’éloges. Sans avoir le moins du monde le don de prophétie, je puis d’ores et déjà assurer que le réalisateur va être couvert de prix et de colifichets en tout genre. Mais le pire, c’est que ce film est diffusé avant que le verdict du procès Barbarin n’ait été rendu. Il est impossible que les juges qui ont décidé d’autoriser sa diffusion immédiate n’aient pas vu à quel point cela violait la présomption d’innocence, à quel point ce brûlot était fait pour peser sur la décision de leurs collègues jugeant l’affaire Barbarin. Eh bien, malgré cela, là encore, la décision a été unanimement saluée comme une victoire de la liberté d’expression. La réalité, c’est qu’il s’agit d’une écrasante défaite de la justice : désormais, tout le monde saura que la justice française ne peut, ou ne veut, pas protéger les catholiques. Il est vrai que si ce sont pratiquement des terroristes islamiques…
Il me souvient que, lors de sa campagne, Emmanuel Macron avait pris toutes sortes d’engagements en faveur d’un débat pacifié. On voit ce qu’il en est advenu. La justice dont il est le garant ultime piétine ses propres principes pour mieux humilier un évêque et ses collaborateurs. L’un de ses ministres insulte des millions de catholiques simplement pour leurs convictions anthropologiques. Aucun de ses ministres ne s’émeut quand les églises sont profanées, incendiées, vandalisées.
Le mépris est l’une des causes majeures du mouvement des gilets jaunes. Comme je les comprends !
Guillaume de Thieulloy