La maison forte de Reignac occupe un site troglodytique qui fait face à un gué sur la Vézère. Elle est la seule représentante des châteaux-falaise encore intacts de France. Site passionnant et intriguant, la maison forte de Reignac abrite derrière sa façade une histoire vieille de plusieurs millénaires. Construit sous les escarpements, ce château-falaise surgit du roc dans lequel il est inséré. L’édifice apparaît déjà imposant de l’extérieur, mais il dévoile pas à pas sa grandeur et sa richesse intérieure.
La façade cache des salles souterraines et aériennes taillées dans la roche d’une taille insoupçonnée : grande salle d’honneur, salle d’armes, salles à manger, salon, cuisine, chambres, chapelle, cachot, cul de basse-fosse (oubliettes) et cave. Elles sont toutes agrémentées de meubles d’époques.
La maison forte de Reignac est l’ancien fief des descendants du corsaire Jean Bart, des Barbarin, des Bontemps, des Roffignac de Carbonnier et des Calvimont de Lerm, puis la propriété des de Fleurieu, des Millhy, de la ville de Bordeaux et de M. Touron qui l’a ouverte à la visite en 2006. La maison forte de Reignac est mentionnée pour la première fois en 1386, sous la forme Rinhacum. Elle n’est plus seulement un puissant repaire accroché à flan de falaise, mais un château-falaise, centre d’un domaine où le seigneur des lieux vit entouré de sa famille et de ses gens de maison. Il exerce son pouvoir et juge sur ses terres les délits mineurs.
Outre sa protection naturelle, le site est renforcé avec une muraille percée de meurtrières et le logis est installé dans un profond abri sous roche. La façade, d’une longueur de 25 m, n’apparait qu’au XIVe siècle pour aménager les lieux et leur donner un aspect plus noble et plus digne de ses habitants. L’ouverture des fenêtres date du début du XVIe siècle. En effet, la date de 1508 est gravée dans l’une des fenêtres de la maison.
Les fortifications de Reignac sont suffisantes pour résister aux attaques de bandes de brigands, pillards, preneurs d’otages et écorcheurs, mais ne sauraient tenir tête longtemps à une véritable armée. Au début du XVIe siècle, les premières armes à feu ont fait leur apparition sans toutefois remplacer l’arc, l’arbalète et les pierres de jet qui sont toujours très utilisés. L’arquebuse et le mousquet ont fait progressivement leur apparition dans la panoplie guerrière. En cas d’attaque, chaque homme, femme, enfant, habitant Reignac connaît le poste qui lui est attribué ; muni de son arme, il doit défendre sa position. La Maison forte de Reignac est vulnérable aux attaques d’une véritable armée mais ses 12 bouches à feu, sa bretèche et ses assommoirs lui confèrent une puissance de tir redoutable. Les grottes supérieures ont abrité le premier fort du site au Moyen-Âge. Situées à 40 m de haut, elles semblent imprenables lors d’une attaque. Des centaines de siècles auparavant, des hommes appelés « Cro-magnons » s’étaient établis sous ces abris en y laissant de nombreuses traces.