En ce mois de février 2018, les éditions Perrin éditent un ouvrage très instructif intitulé « Les trente “empereurs” qui ont fait la Chine » et rédigé par Bernard Brizay.
Journaliste et historien, Bernard Brizay a écrit de nombreux livres sur la Chine, notamment Le Sac du palais d’Été ; Shanghai. Le Paris de l’Orient et, chez Perrin, La France en Chine. Du XVIIe siècle à nos jours, ouvrage traduit en chinois en 2014. Il a reçu la même année le prix prestigieux du Special Book Award of China, au Grand Palais du Peuple de Pékin, remis par Mme Liu Yandong, vice-première ministre.
Voici la présentation de l’éditeur :
5 000 ans d’histoire chinoise à travers le destin des 30 empereurs les plus représentatifs.
L’art chinois nous est familier, mais curieusement l’histoire de la Chine nous est mal connue. Et pourtant elle est instructive, et qui plus est passionnante. Qui peut se flatter de connaître et de comprendre un pays s’il en ignore l’histoire ? C’est encore plus vrai en ce qui concerne la Chine et ses cinq mille ans d’histoire. Les Chinois, eux, connaissent bien leur histoire, et aussi la géographie de leur pays, qu’on leur a doctement enseignées dès l’école primaire. Rien d’étonnant puisque, comme le souligne l’historien Pierre Ryckmans : « En Chine, l’histoire joue le rôle qui, dans les autres civilisations, est normalement dévolu à la mythologie ou à la religion : c’est à elle que l’on demande une explication totale du monde, une définition du destin de la collectivité, un jugement de valeur sur la condition humaine. »
Ce qui frappe de plus dans cette histoire, c’est sa violence. Dans une certaine mesure, on pense à la célèbre tirade de Shakespeare dans Macbeth : « L’Histoire humaine est un récit raconté par un idiot, plein de bruit et de fureur et qui ne signifie rien. » Cependant, et ce livre entend le démontrer, l’histoire de la Chine n’est ni folle ni absurde. Elle est somme toute cohérente et représentative de la personnalité de l’Empire du Milieu. On peut comprendre — on doit essayer de comprendre — la Chine d’aujourd’hui à travers son histoire. Plus que pour toute autre nation ou civilisation, ce pays s’explique par son passé et par son ADN, l’empreinte génétique de son peuple, forgée au fil des siècles.
Parmi les 208 empereurs chinois ayant régné, répartis en 24 dynasties, nous en avons sélectionné 30, incluant les « empereurs républicains » récents, Sun Yat-sen, Chiang Kai-shek, Mao Zedong, Deng Xiaoping et Xi Jinping. Tous ont en commun d’avoir réfléchi de près au sujet éternel, particulièrement en Chine, de l’exercice du pouvoir, tous ont été obsédés par une réflexion sans fin sur le pouvoir et ses modalités, à savoir l’exercice du bon gouvernement.
La Chine, cette vaste et peuplée terre si méconnue de nous. C’est une plongée dans ses entrailles que propose Bernard Brizay, avec des histoires qui nous font revivre 5000 ans de ce qui constitue l’histoire d’une civilisation à la longévité exceptionnelle et à la créativité sans arrêt renouvelée.
On apprécie d’emblée les cartes fournies en préambule par l’auteur, pour mieux tenter de décrypter ce pays et y voir plus clair. On apprécie aussi la chronologie, qui permettra à ceux qui — comme moi lorsque j’ai commencé l’ouvrage — n’y connaissaient rien à l’histoire de la Chine — de se repérer. J’ai été rassuré d’emblée, car il ne s’agit pas d’un livre universitaire, dans lequel un historien emploie des mots ronflants (et parfois discutables) et des explications alambiquées histoire de faire lâcher prise y compris aux plus motivés.
Et puis on plonge à la découverte de l’empire du milieu, et de ses icônes historiques — qu’aujourd’hui encore tout un peuple connait, lui dont les autorités ont fait en sorte qu’il continue génération après génération à apprendre son histoire, d’où il vient, pour mieux sans doute savoir où aller. Je ne connaissais ni Huangdi, le père de la civilisation chinoise, ni Wudi, l’empereur guerrier, ni même Qianglong, le grand empereur devenu sénile. Hormis les contemporains, je n’en connaissais pas grand-chose à vrai dire, et cela ne me passionnait pas plus que ça.
Je ressors de la lecture de ces « trente “empereurs” qui ont fait la Chine » avec l’envie de me plonger encore plus profondément dans cette histoire, riche, tourmentée, rasée en partie par le communisme et par la « révolution culturelle » de Mao Zedong, mais qui est aujourd’hui toujours un géant mondial qui ne se renie pas et n’a pas l’intention de le faire.
Un livre qui donne les clés d’une civilisation méconnue, ce n’est pas tous les jours que cela arrive, alors il faut en profiter !
Yann Vallerie
Bernard Brizay —Les trente « empereurs » qui ont fait la Chine — Perrin — 25 €
Crédit photo : DR
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