Une femme coquette de Jean-Luc Godard – 1955 (Court métrage)

https://www.youtube.com/watch?v=DzpFi0uBmzs

Magnifique découverte qui nous vient, à l’instar de la vidéo de Proust, de l’autre côté de l’Atlantique où des passionnés de Godard ont mis la main sur un court que les spécialistes pensaient perdu. Une femme coquette (1955) est désormais disponible en ligne, pour le bonheur de tous. (…)

Et pourtant, comme jaillissant de nulle part, Une Femme Coquette, ce film inconnu bien que jugé essentiel dans l’œuvre du cinéaste franco-suisse, apparaît sur YouTube, précisément 62 ans après son tournage. Véritable trésor du cinéma français, ces 9 minutes que nous dévorons avec un plaisir ni dissimulé, ni affecté, sont une petite ode au cinéma qui adviendra après : celui du Mépris mais surtout d’À bout de souffle.

Antoine de Baecque, biographe de Godard, écrivait par ailleurs, alors qu’il pensait le film perdu, la critique suivante : « assez désinvolte, personnelle, même intime, rapide, enlevée, perverse : la femme y est une proie pour l’homme qui la chasse, la paye, la consomme, mais elle est bien filmée, vive, aérienne. C’est elle qui fait de Godard dès son premier brouillon personnel, un artiste en germe. »

Parmi les petits mystères et clins d’œil qui fourmillent dans ces quelques images, on trouve bien sûr l’apparition de Godard vers la quatrième minute, qui succombe aux charmes d’une prostituée radieuse, mais les crédits réservent également quelques surprises pour les godard-nerds : on y voit apparaître le pseudonyme de Hans Lucas, crédité pour la mise en scène. Or, c’est avec ce même nom mystérieux que le cinéaste signera plus tard ses critiques.
Enfin, l’actrice, pourtant sublime, n’apparaîtra plus jamais à l’écran. Elle s’appelle selon les crédits Maria Lysandre, mais disparaîtra, telle une héroïne modianesque, dans les limbes et les tourments de la carrière du cinéaste qui n’a jamais cru à la persistance du talent de ses actrices. (…)

Comment le miracle de la résurrection de cette œuvre a-t-il eu lieu ? Nul ne le sait encore, si ce n’est que ce sont le très fins connaisseurs américains du A.V. Club qui ont mis la main en premier sur le court. Désormais, la vidéo est sur YouTube, bien archivée dans les serveurs de Google, et peut-être à jamais sauvée de l’oubli.

 

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