Par principe, on aurait bien tort de railler les « petits » candidats, ou donnés comme tels, à la magistrature suprême. Déjà parce qu’ils apportent parfois un brin de fantaisie, voire même de poésie, en une campagne où l’austère le dispute trop souvent à une autre forme de ridicule : Mélenchon en hologramme à veste de commissaire politique, Macron en Iggy Pop survitaminé, Hamon en curé de gauche, façon sandales et chaussettes de tergal, Fillon en sacristain de droite, poissé en train de piquer dans la caisse de la fête paroissiale.
Il est tout aussi injuste que ces « petits » candidats soient bloqués par les primaires – les partis verrouillent le système de l’intérieur – et par la tyrannie des cinq cents signatures ; ou de l’art de réduire au silence toute forme de voix dissidentes, tout en remettant à l’honneur le suffrage censitaire du siècle dernier. À cet égard, les cent signatures de jadis étaient bien suffisantes pour écarter les zozos les plus exaltés.
Revue de détail, donc :
François Asselineau (Union populaire républicaine), ancien proche de Charles Pasqua, estime que l’humanité est menacée de « puçage génétique » et que l’Union européenne est une création américaine destinée à contrer l’URSS. On a déjà entendu plus sot.
Jacques Cheminade (Solidarité et Progrès) n’entend plus coloniser la planète Mars, mais persiste à dénoncer « l’occupation financière » et à partir en guerre contre Pokémon GO, le célèbre jeu vidéo. Ma foi, pourquoi pas ?
Olivier Delafon (Parti Nouvelle France), par ailleurs propriétaire du Musée des limousines de chefs d’État, sis à Montjalin, propose de dissoudre le Sénat, de réduire de moitié le nombre de députés et estime que chaque « migrant » a vocation à repeupler nos villages de campagne. Chez Minc et Attali, on a déjà lu pires dingueries.
Alexandre Jardin (Maison des citoyens), écrivain et cinéaste, dépité qu’Emmanuel Macron ne l’ait pas rejoint, a un grand projet consistant à refuser, justement, toute forme de grand projet, préférant laisser les citoyens se débrouiller eux-mêmes. Il est un fait qu’il se débrouille assez bien tout seul. Pour faire parler de lui, tout au moins.
Pierre Larrouturou (Nouvelle Donne), continue de prôner la semaine de quatre jours et le revenu universel, tout en injectant mille milliards d’euros pour lutter contre le réchauffement climatique.
Mais sans parvenir à durablement réchauffer ses relations avec d’éventuels partenaires électoraux.
Jean Lassalle (Lui-même), sûrement le plus sympathique de ces trublions qui, entre un tour de France à pied et une visite au président syrien Bachar el-Assad, continue de lutter contre « la barbarie de la finance ». En privé, un homme qui redonne foi en la nature humaine…
Charlotte Marchandise (gagnante de LaPrimaire.org), estimant représenter la société civile, se dit influencée à la fois par Bernie Sanders, le rival malheureux d’Hillary Clinton à la primaire du Parti démocrate, et par le mouvement Nuit debout. Elle entend promouvoir un régime parlementaire dont les députés seraient tirés au sort. Voilà qui devrait faire les affaires de La Française des jeux.
Sébastien Nadot (Mouvement des progressistes), poulain de Robert Hue, ancien secrétaire national du PC, est à peu près pour tout ce qui est contre et contre tout ce qui est pour. Nous sommes d’accord avec lui, bien au contraire.
Rafik Smati (Objectif France), a proposé – Penelopegate oblige – d’incarner un éventuel plan B afin de contrecarrer le phénomène Macron. Pour l’heure, il ne semble pas avoir été entendu. Objectif Lune ?
Antoine Waechter (Mouvement écologiste indépendant), sûrement le plus « sérieux » du lot, avec Jean Lassalle. Il entend incarner une écologie qui ne serait ni de gauche ni de droite. Mais d’ailleurs ? D’ailleurs, this is the question… On vient enfin de retrouver la trace du fils caché de Michel Jobert. Il y a pire, comme filiation.
That’s all Folks!
Nicolas Gauthier – Boulevard Voltaire