Les absurdités du débat public contemporain

En observant l’actualité politique des dernières semaines, je suis frappé de l’incohérence des différents acteurs.

C’est naturellement vrai pour les gilets jaunes. Alors que le mouvement est né d’un ras-le-bol fiscal, ô combien justifié, tout se passe comme si, désormais, le rétablissement de l’ISF était l’une des revendications prioritaires du mouvement.

Je dis bien « tout se passe comme si », car je ne suis pas certain du tout que ce soit réellement une revendication profonde. Ou, plus exactement, j’ai l’impression qu’elle n’est utilisée que comme argument « a fortiori » : nous en avons ras le bol de payer trop d’impôts, spécialement quand nous voyons que M. Macron dispense ses amis financiers d’en payer.

Je ne crois, en tout cas, pas du tout que cette revendication de rétablir l’ISF soit une revendication saine.

Et le jeu pervers des médias dominants en cette matière me semble fort inquiétant. Il est beaucoup question, en effet, d’injustice fiscale, depuis quelques semaines. Et, là encore, c’est tout à fait justifié. Mais l’ISF est l’archétype même de l’injustice fiscale.

Bien sûr, c’est un impôt économiquement catastrophique. Mais c’est aussi – et peut-être surtout – un impôt profondément immoral, que les très riches ne paient pas (depuis sa création par Mitterrand), quand les classes moyennes supérieures sont matraquées.

Il serait absurde d’attaquer le fiscalisme en réclamant le rétablissement d’un nouvel impôt. Il serait plus absurde encore d’attaquer l’injustice fiscale en réclamant le rétablissement de l’un des impôts les plus injustes (je précise, pour que les choses soient bien claires, que je ne paie pas l’ISF et que je ne prêche donc pas pour ma paroisse !).

La vraie revendication anti-injustice fiscale devrait être la suppression de l’IFI, cet ISF maintenu (et probablement, à terme, aggravé) pour les patrimoines enracinés – ceux que vomit M. Macron, mais que devraient chérir les gilets jaunes.

Cependant, il est trop facile de ne critiquer que l’incohérence des Gilets jaunes.

L’incohérence des oligarques n’est pas moins manifeste ; et elle est peut-être plus grave encore.

Quand j’entends des ministricules s’indigner que l’on décapite en effigie M. Macron, je me pince. N’ont-ils pas clamé que la grande fierté de la France était d’avoir décapité Louis XVI ?

Quand j’entends des commentateurs s’indigner de l’anarchie, je m’interroge : ont-ils déjà oublié qu’ils voulaient fêter à grands fracas mai 1968 et le triomphe de la « chienlit » ?

Quand j’entends Luc Ferry regretter que les forces de l’ordre n’aient pas encore tiré sur la foule, je ne peux m’empêcher de songer aux consignes scandaleuses qui interdisent aux mêmes forces de l’ordre de démanteler les réseaux de caïds ou de barbus dans les « cités ».

En réalité, les acteurs principaux de cette farce tragique semblent n’avoir aucun souci d’une recherche commune et patiente des solutions réelles.

Et pour cause. Depuis des décennies, on nous enseigne un relativisme dévastateur.

Quand un immigré viole une jeune femme, ce sont ses « codes culturels », différents certes des nôtres, mais non moins légitimes, qui lui dictent sa conduite.

Quand un casseur d’extrême gauche défonce la tête d’un gendarme, ce n’est que l’expression de son rejet de l’injustice sociale. Et quand le peuple vote non au Traité constitutionnel européen, c’est simplement qu’il n’a pas compris la question !

Voilà où nous ont menés des décennies de propagande délirante. Peut-être serait-il temps de revenir au bon sens, à la recherche de la vérité et au souci du bien commun.

 

Guillaume de Thieulloy – Les 4 Vérités

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