« La procrastination du sommeil est le fait de ne pas aller au lit à l’heure prévue alors qu’aucune circonstance externe ne vous empêche véritablement de le faire », explique un groupe de scientifiques de l’université d’Utrecht aux Pays-Bas dans la revue Frontiers in Psychology, cité par Business Insider.
A côté des insomniaques, il existe un autre groupe de personnes pour qui trouver le sommeil est une tâche ardue : ceux ou celles qui ne peuvent se résoudre à aller au lit lorsque la fatigue les gagne. Si lorsque l’épuisement s’empare de votre corps mais que malgré tout vous êtes incapable de délaisser votre ordinateur portable, de vous lever de votre canapé alors qu’il se fait tard dans la nuit, il se peut que vous soyez un procrastinateur ou « retardataire chronique » du sommeil.
« Il s’agit d’un casse-tête de longue date qui est présent dans la philosophie depuis Aristote : pourquoi les personnes ne sont-elles pas en mesure de faire ce qu’elles savent bénéfique pour elles », explique Joel Anderson, chercheur en philosophie, inventeur du terme « bedtime procrastination » (« la procrastination a l’heure du coucher »).
Les scientifiques hollandais ont voulu savoir comment la procrastination du sommeil affectait la santé. 177 personnes ont été interrogées afin de déterminer ce qu’est vraiment la procrastination du sommeil et qui sont les personnes qui ont tendance à se comporter de la sorte. Les participants ont dû évaluer selon une échelle de 1 à 5 les énoncés suivants (les items « R » se rapportent aux personnes qui n’ont pas l’habitude de faire de procrastination du sommeil) :
Je vais me coucher plus tard que j’en avais l’intention
Je me couche tôt si je dois me lever tôt le lendemain matin (R)
S’il est temps d’éteindre les lumières, je le fais tout de suite (R)
Je fais régulièrement d’autres choses lorsqu’il est temps d’aller dormir
Je me laisse souvent distraire par d’autres choses alors que j’aimerais en fait aller dormir
Je ne vais pas me coucher à temps
Je veille à aller me coucher à une heure régulière (R)
J’aimerais aller me coucher à temps mais je n’y arrive pas
Il m’est facile d’arrêter mes activités lorsqu’il est temps d’aller dormir
Les scientifiques ont rassemblé plusieurs données sur les caractéristiques démographiques des participants telles que les habitudes générales, l’horaire de sommeil, le niveau de fatigue. Les participants ont été également classés en fonction de leur maîtrise de soi, de leur niveau de conscience, de leur impulsivité et de leur contrôle de l’action. Les chercheurs ont constaté que la procrastination du sommeil est un problème réel associé à la procrastination courante et a des problèmes d’autoréglementation définie par le psychologue Steve Stosny comme « la capacité d’agir pour votre intérêt à long terme en accord avec vos valeurs les plus profondes ».
Selon les chercheurs, la procrastination du sommeil est un phénomène unique car contrairement à la procrastination habituelle selon laquelle les personnes évitent de faire des choses indésirables, le sommeil n’est pas considéré comme tel. « Nous pensons qu’il ne s’agit pas vraiment d’un refus d’aller dormir mais plutôt du fait de ne pas vouloir abandonner certaines activités », écrivent les experts. Selon ces derniers, il s’agit de la première étude qui fait apparaître la procrastination du sommeil comme une des causes probables du manque de sommeil. Lorsque les personnes sont endormies, la volonté est particulièrement faible. « Des stratégies qui n’exigent pas beaucoup d’efforts semblent être plus aptes à réduire la procrastination du sommeil. Parmi celles-ci, les auteurs de l’étude citent par exemple le fait de placer une minuterie sur votre dispositif (ordinateur, télévision, smartphone) qui l’éteindra automatiquement à une heure précise.