Des jets privés pour parler du réchauffement climatique, des millions dépensés pour parler des inégalités dans le monde et des femmes invisibles…. Le Forum économique de Davos, qui s’ouvre aujourd’hui, est encore sous le feu des critiques.
«Hypocrites», «ironiques», «misérables», «drôles»… sur les réseaux sociaux, les commentaires fusent pour dénoncer les nombreux paradoxes qui accompagnent l’organisation du 45e forum économique de Davos. L’événement, qui réunira cette année 2500 décideurs politiques et économiques dans la petite station de ski suisse, débute ce mercredi. Passage en revue des chiffres polémiques.
• 1700
C’est le nombre de jets privés qui devraient survoler la région de Davos pendant l’événement, selon Flightradar, spécialiste de la surveillance du trafic.
D’après la presse suisse, un véritable embouteillage aérien est attendu dans les prochains jours. L’armée aurait même été sollicitée pour ouvrir l’une de ses bases aériennes. Les participants, qui atterriront majoritairement à Zurich, devront encore parcourir les kilomètres qui les séparent de Davos. Pas question de prendre le bus. La plupart d’entre eux devraient opter pour une limousine ou un hélicoptère (méthode choisie par 20% des participants l’an dernier). Ironique lorsque l’on sait que le réchauffement de la planète fera l’objet d’intenses discussions en vue de préparer le sommet des Nations unies sur le climat qui se tiendra en décembre à Paris.
• 19.000 dollars
C’est le prix du ticket d’entrée à Davos, à moins d’être invité par la fondation (comme c’est le cas des dirigeants politiques notamment). Selon Business Insider, pour pouvoir acheter un ticket d’entrée, il faut déjà payer une cotisation annuelle à la fondation de 52.000 dollars (44.700 euros). Un montant qui s’ajoute donc aux 19.000 dollars (16.330 euros) du ticket. Pour accéder aux rencontres les plus intéressantes (interdites à la presse), il faut préalablement régler à la fondation une cotisation de 137.000 dollars (117.700 euros). Acheter un billet pour un accompagnant suppose de payer un autre type de cotisation (de 263.000 dollars ou 226.000 euros) plus les deux billets. Enfin, ramener un maximum de cinq personnes suppose d’exploser la tirelire: 527.000 dollars de cotisation (453.000 euros) et 95.000 dollars de billets (81600 euros). A cela s’ajoute le prix du transport (souvent jets privé et hélicoptère, donc) mais aussi les frais de logement (en moyenne 600 euros la nuit). Des tarifs qui ont d’ailleurs flambé d’environ 20% avec la récente hausse du franc suisse.
Bref, l’événement est réservé à une élite, de Bill Gates à Lloyd Blankfein (Goldman Sachs) en passant par Jack Ma (Alibaba) et Eric Schmidt (Google). Comme depuis la création du forum en 1971, les délégations les plus importantes seront d’ailleurs celles des zones les plus riches: 1037 participants pour l’Europe de l’ouest, 833 pour l’Amérique du Nord… contre 124 pour tout le continent africain. Les Américains seront les plus nombreux (791 participants), suivis des Anglais (283) et des Suisses (280). La Chine, deuxième puissance mondiale et pays le plus peuplé du monde, ne sera représentée que par 56 participants. De quoi conforter le sentiment des opposants à ce forum selon lesquels Davos est une réunion de riches qui parlent des pauvres… sans convier ces derniers.