« Meneuse de revue » du site anticonformiste et loufoque Délit d’images, « gribouilleuze en tous genres » selon ses amis dessinateurs, Isabel Orpy nous présente leur percutante offensive de Noël.
— Quelle est cette campagne de Noël lancée par Délit d’images que nos lecteurs ont pu notamment découvrir sur Le Salon Beige ?
— Elle veut sensibiliser ceux qui l’ignorent ou rappeler à ceux qui l’ont oublié à quoi correspondent ces grandes fêtes chrétiennes qui ponctuent l’année et qu’ils célèbrent sans savoir pourquoi. Créée en interne et « habillée » par un directeur artistique, à travers nombre de visuels qui se remarquent et se démarquent, cette campagne, au ton délibérément humoristique, reprend certains clichés stupides, soit ce qui se dit et s’entend trop souvent. Noël, Epiphanie, Carême, Pâques, Pentecôte… Notre campagne se déclinera ainsi jusqu’à la Toussaint 2018.
— On est frappé (comme récemment encore lors de la cérémonie des obsèques de Johnny) par l’ignorance et l’approximation des journalistes pour tout ce qui touche la religion catholique. Les visuels de votre campagne s’appuient sur des affirmations de ce type, assez ahurissantes. Avez-vous des exemples ?
— Maintes réflexions et anecdotes ont inspiré cette campagne. Lorsque j’ai fait relire les projets de textes à mes complices, l’un d’eux m’a dit que j’y allais un peu fort en inventions alors que je « relatais » des faits réels m’étant advenus. Un dimanche matin il y a quelques années, entrant dans une charcuterie, une jolie vendeuse blonde aux yeux bleus, tout ce qu’il y avait de très français, m’a demandé : « Savez-vous pourquoi on vend des branches d’arbres devant l’église ? ». C’était le dimanche des Rameaux ! Les années passant, je me suis aperçue qu’énormément de gens n’avaient même plus une once de « vernis culturel » chrétien, lequel ne perdure un peu que chez ceux que j’appellerai les touristes qui pratiquent un catholicisme « social ». Ils vont à l’église pour leurs baptême, communions, confirmation, mariage et obsèques et visitent certains musées dans lesquels il est difficile d’échapper au catholicisme dont tant d’œuvres majeures sont empreintes.
— Délit d’images a choisi comme signature « Parce que la France est chrétienne ». Cette identité est-elle en train de s’effacer dans notre pays ?
— Beaucoup ne mesurent pas à quel point les gens sont déchristianisés, c’est pour cela qu’ils laissent, dans une indifférence totale, ôter des croix, supprimer des crèches, démolir des églises, les profaner, etc. Ils ne réalisent absolument pas ce qu’il advient, pas davantage que les enjeux catastrophiques pour leur devenir. Plus rien ne fait sens. Une religion en vaut une autre ou alors ils sont d’un athéisme forcené, parfois haineux, tel que je le perçois en lisant certains commentaires très hargneux sur notre site qui « ose » parler de catholicisme et s’en revendique. Oui, la France est chrétienne ! Pour preuve, on y célèbre Noël, Pâques, la Pentecôte… Ce ne sont pas des fêtes hindouistes. Il fallait enfin surligner cette vérité basique que d’aucuns s’emploient à nier pour mieux l’effacer de la mémoire de notre pays et de nos cœurs, à des fins politiques, idéologiques et surtout pour servir un système financier mondialisé.
— Avez-vous été bien relayés jusqu’à maintenant et par qui ?
— Il est difficile de le savoir précisément si ce n’est par des gens qui nous en avisent précisément comme Le Salon Beige, Infocatho ou Paul de la chaîne YouTube Culture de Droite. D’après ce que nous savons, ça marche plutôt bien.
Ces visuels ont été créés pour se balader partout. S’il nous est possible de mesurer leur visibilité à partir de notre site, il nous est impossible de savoir combien ont été partagés ailleurs. Notre campagne s’inscrit dans la durée, elle est faite pour toucher des gens très éloignés de nous et pour cause. C’est notre « moment d’évangélisation ».
— Comment est né le site Délit d’images et quelle est sa spécificité ?
— A l’origine, Délit d’images était une association pour la promotion de l’art, lancée en 1998 par le dessinateur David Miège. En 2010, il créa un site dédié à la culture et aux dessins de presse. C’est en 2012 qu’à sa demande je l’ai rejoint pour dynamiser la formule et devenir avec lui « meneuse de revue ». Délit d’images est devenu un site-magazine, lequel traite au quotidien, sept jours sur sept, des sujets les plus divers : politique, animaux, patrimoine, cuisine, livres, films, arts… Nous diffusons aussi une lettre d’information quotidienne et une lettre hebdomadaire. Certains articles sont rédigés en interne et nous nous flattons d’avoir kidnappé un préhistorien pour gérer la dimension scientifique et historique. Majoritairement, nous butinons des articles sur plein d’autres sites, entre autres Présent, Les 4 Vérités, Riposte Laïque, l’OJIM… pour offrir à nos lecteurs une revue de presse originale, dans l’esprit de Délit d’images, avec un ton et des titres souvent décalés voire provocateurs et de l’humour, beaucoup d’humour, notre première ligne éditoriale ! Et comme il nous faut mériter notre nom, nous publions de nombreuses vidéos pour montrer, dire, dénoncer ou divertir et sommes très attentifs aux illustrations. De plus, grâce à Miège, Chard, Pinatel, Raletz, Jac Pè, Yelch… nous sommes l’un des rares sites, non dédiés, à publier beaucoup de dessins de presse, par goût et pour contrer la disparition de ce type d’expression au profit d’illustrations très banales. Notre groupuscule de Délirants est aussi très présent sur les réseaux sociaux. De plus, vigilant et actif, notre Observatoire de la crétinofolie, permet de dénoncer la propagande, la censure, la « novlangue », les dictatures, la christianophobie, les mensonges, les déviances, les délires, etc.! Bref, tout ce qui nous agace et nous excède. Mais Délit d’images sait aussi octroyer des sourires et des bons points. C’est pourquoi, chaque année, fin décembre, nous décernons des Deldims, des prix un peu loufoques, aux titres qui changent tout le temps, récompensant adversaires et amis. La cuvée 2017 inclut par exemple : le Deldim de « Plus belle emperruquée » pour Brigitte Macron, le Deldim « Crétin des Alpes-j’ai peur de rien et je crains dégun » à Christophe Castaner pour, entre autres, son inoubliable prestation à Marseille qui l’a promu ministre, le Deldim « Je bluffe mal-mais je bluffe quand même » au premier membre d’un gouvernement ayant écrit autant de bouquins salaces et le niant : Marlène Schiappa. Chaque lauréat a le droit d’imprimer le Deldim de l’année, trophée original dessiné par Miège. Et bien avant votre demande d’interview, vous apparteniez déjà à notre sélection 2017. C’est pourquoi, chère Caroline Parmentier, Délit d’images est ravi de vous remettre dès à présent, le Deldim « C’est elle qu’on préfère à la téloche », pour vos sympathiques interventions sur TVLibertés et pour honorer plus encore votre quotidien, Francis Bergeron, spécialiste de Tintin, recevra le Deldim « Nous on aime que Milou ! ».
Propos recueillis par Caroline Parmentier pour Présent