En 1998, Élisabeth Guigou avait promis aux députés réticents à le voter que le PACS n’était pas une « valise à double fond ». Le 17 mai 2013, la loi Taubira instaure le « mariage pour tous ». Le 20 décembre 2016, dans Libération, Irène Théry, directrice d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, s’insurge contre le projet de François Fillon de réécrire la loi Taubira pour interdire l’adoption plénière aux couples de même sexe. Et elle avoue sans détours que, si le couple « avait été l’enjeu du Pacs il y a vingt ans, c’est la filiation qui fut le cœur de la réforme ». Le mariage pour tous était bien le prélude aux enfants pour tous…
La loi Taubira est, selon elle, « une loi dont le souffle et la portée dépassent la personne du Président qui l’a voulue ». Nul doute que François Hollande a été dépassé par le « mariage pour tous », comme il l’a été par tous les événements qui ont jalonné son quinquennat. Mais nous refusons d’y voir « une de ces lois […] qui nous grandissent en rehaussant une certaine idée de l’humanité de l’homme ». Nous ne voyons aucun « progrès collectif » dans le fait qu’« un enfant [puisse] désormais avoir pour parents deux pères ou deux mères ».
Irène Théry dénonce, dans une généralisation abusive, les couples hétérosexuels, qui mentent aux enfants adoptés sur leur origine.
Elle leur oppose sottement les couples homosexuels, « les seuls couples qui, justement, ne sont JAMAIS tentés de mentir à leurs enfants sur leur mode de conception ». L’impossibilité d’un tel mensonge n’est-elle pas « justement » la preuve qu’un enfant ne pourra « JAMAIS » avoir pour parents deux pères ou deux mères ?
À défaut d’être clairvoyante, Élisabeth Guigou avait été claire : « Le droit, lorsqu’il crée des filiations artificielles, ne peut […] ni ignorer ni abolir la différence entre les sexes. Cette différence est constitutive de l’identité de l’enfant et du sens de cette identité. […] Un enfant adopté, déjà privé de sa famille d’origine, a [encore] plus besoin de stabilité […]. Mon refus de l’adoption pour des couples homosexuels […] est fondé sur l’intérêt de l’enfant, sur son droit à avoir un milieu familial où il puisse structurer son identité et épanouir sa personnalité. »
Mais, pour Irène Théry, le « caractère discriminatoire [de la proposition de François Fillon] est patent. Créer deux catégories de mariés, des mariés de première classe, avec la plénitude des droits du mariage, et des mariés de seconde classe, qui n’en auraient qu’une partie, est […] contraire au principe d’égalité devant la loi. » Le « mariage pour tous » a ouvert une boîte de Pandore. Et le seul moyen de la refermer semble bien être l’abrogation pure et simple de la loi Taubira.
Car quand Irène Théry affirme « qu’on peut sans crainte prédire [à François Fillon] la censure du Conseil constitutionnel », elle ne plaisante pas. Contrairement à ce député EELV qui, en 2013, avait lancé : « On pourrait penser que la fête de Noël [nous permet] de réfléchir profondément à la PMA, parce que c’est quasiment une procréation divine assistée, la naissance de l’enfant Jésus ! » En tout cas, c’est Joseph qui a adopté l’enfant de Marie, pas Salomé !