Monsieur le Président,
Les médias affirment que vous souhaitez célébrer le cinquantenaire de mai 1968.
Je dois vous dire que je trouve cette célébration particulièrement déplacée.
D’abord, les finances publiques sont suffisamment mal en point pour que l’on envisage les pompeuses célébrations avec parcimonie.
Mais, surtout, cette révolution marque le début d’une décadence de notre patrie qui n’a plus cessé de descendre la pente glissante du déclin.
Comment imaginer que le chef de l’Etat célèbre ceux qui se sont vantés de détruire toute autorité, à commencer, bien sûr, par l’autorité de l’Etat? Comment imaginer que le chef de l’Etat célèbre ceux qui ont lourdement insisté sur leur rejet de toute loi? Comment imaginer que le chef de l’Etat célèbre ceux qui, dans un amalgame atroce, ont fait des forces de l’ordre protégeant les citoyens des SS?
Je ne peux pas croire que vous souhaitiez ainsi saper, non seulement votre propre autorité, mais le principe même de toute piété filiale, sans laquelle il n’existe plus de transmission, ni même de patrie
Je vous serais reconnaissant, Monsieur le Président, de bien vouloir me rassurer sur ce point qui me semble loin d’être anecdotique ou insignifiant.
Dans cette attente, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération.