par François Préval
L’ancienne Première dame de France vient de s’éteindre à l’âge de 87 ans des suites d’une anémie après quatre jours de coma artificiel. Avec cette disparition est tournée une page importante des années Mitterrand qu’elle aura marqué autant que son mari.
Née en octobre 1924, Danielle Gouze est plongée très tôt dans le militantisme politique, par le biais de ses parents, couple d’instituteurs laïcs et socialistes, qui, durant l’occupation allemande, hébergent des résistants dont le célèbre Henri Frenay. Elle-même aurait participé à des actions de résistance en tant qu’agent de liaison aux côtés de sa sœur Christine. C’est d’ailleurs celle-ci qui la présente, en 1944, à François Mitterrand, alias François Morland, son pseudonyme dans la résistance qu’il a fraîchement rejoint. Ils marient à la Libération et auront trois enfants.
Elle va alors suivre son mari dans sa vie politique (celui-ci devient député de la Nièvre dès 1946 et ministre des Anciens combattants), le suivant dans la majorité de ses déplacements importants et s’occupant personnellement de la commission pour la répartition des subventions aux orphelins. Elle sera à ses côtés durant les élections présidentielles de 1965 et 1981 où il l’emporte face à Valéry Giscard d’Estaing. Sitôt devenue Première dame de France, tout en se pliant aux règles du protocole, elle impose d’emblée son style propre. Elle fait redécorer le palais, informatiser son service de trois collaboratrices et s’occupe personnellement du jardin. Mais c’est surtout dans le domaine international qu’elle va s’imposer par ses prises de position tranchées plus ou moins légitimes mais toujours fermes. Elle soutiendra notamment le régime de Fidel Castro, la guérilla salvadorienne et le sous-commandant Marcos au Mexique. De telles interventions ne sont bien sûr pas sans avoir mis dans l’embarras le président François Mitterrand et sa diplomatie. C’est en 1986 qu’elle obtient la consécration en fondant l’association, la Fondation France Libertés (site), reconnue d’utilité publique. Sur le plan de la politique intérieure, elle critiquera fortement le gouvernement Chirac de 1986 (qui, selon elle, fait « tout et n’importe quoi ») et la politique d’immigration de Charles Pasqua.
Sur le plan familial, elle soutiendra son mari envers et contre tout, sur l’ensemble des sujets gênants (son attribution de la francisque, les écoutes élyséennes, son cancer), se montrant d’une fidélité conjugale sans faille. Lui survivant, elle prendra encore quelques positions publiques remarquées dans les années 2000 : en faveur du “non” au référendum de 2005 sur la constitution européenne, en faveur de Ségolène Royale lors de l’élection présidentielle de 2007, soutien au chef indien Raoni (site) dans sa lutte contre la construction du barrage de Belo Monte.
Véritable incarnation vivante des années de présidence de feu son mari, Danielle Mitterrand était également devenue une icône de la gauche bobo en raison de prises de position bien-pensantes et souvent démagogiques. Il est vrai qu’elle fut également une personnalité forte et qui s’est nettement distinguée des autres premières dames de France. Désormais, elle appartient à l’histoire politique française, au même titre que son époux.
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