Connaissez-vous Bruno Denaes ? Cet obscur journaliste qui a fait une carrière plus marquée par l’administratif que par l’écriture officie depuis mi 2015 comme « médiateur » de Radio France. Un médiateur comme son nom l’indique recueille les réactions des auditeurs et le cas échéant commente et avertit.
L’audace de Claude Askolovitch
Nul ne peut soupçonner Claude Askolovitch de penser contres les courants dominants. Récemment encore l’Observatoire du journalisme commentait avec un brin d’ironie son sens de l’à-propos dans la revue de presse quotidienne qu’il réalise à 8h30 sur France Inter. Mais le malheureux a franchi un interdit le 21 septembre 2017.
La signature d’Yves de Kerdrel n’apparaissant plus dans Le Figaro, le chroniqueur s’est fondé sur le site fdesouche.com pour révéler que sa mise à l’écart procédait d’une volonté bien calculée des responsables du quotidien de ne pas aller trop loin dans l’antimacronisme. Le journaliste accompagnait ces propos d’une courte présentation de Fdesouche pour les auditeurs de France Inter qui pour la plupart ne connaissent pas l’existence de ce site. Verbatim : « fdesouche, c’est un site d’extrême-droite populaire plutôt spécialisé dans la narration de faits divers qu’il veut attribuer à l’immigration mais le site a des proximités avec la presse installée et s’est informé à de très bonnes sources ». L’auditeur était mis en garde mais pas assez…
Bruno Denaes réagit et menace
Le lendemain 22 septembre tous les journalistes de Radio France recevaient une « remarque » du médiateur commençant par une réaction outragée qu’il venait de recevoir d’un auditeur qui avait « failli lâcher son savon » en entendant citer fdesouche « ce site d’extrême droite régulièrement au palmarès des fake news ». Remarquons au passage que le site agglomère des articles recueillis dans les médias dont France Inter… De quoi donner des verges pour se faire battre.
Mais il y a mieux et l’administratif de service ne peut s’empêcher de mettre son grain de sel en manifestant son indignation en tant que médiateur « j’avoue que je ne comprends pas non plus qu’on puisse valoriser dans une revue de presse un site ouvertement identitaire, extrémiste, intolérant qui crache régulièrement sa haine sur Radio France ». On peut légitimement se demander qui crache sa haine en lisant cette dernière phrase. Mais gageons que tous les journalistes de la radio publique auront compris l’avertissement : le prochain qui cite un site « extrémiste » risque un avertissement voire sa place. Vous pensez que nous exagérons ? Il y a un précédent.
L’affaire Le Quintrec
En août 1998, un autre audacieux, Fabrice Le Quintrec, avait été évincé séance tenante pour avoir fait une citation d’une durée de six secondes du quotidien Présent et il est depuis lors black-listé par son entreprise malgré de nombreuses victoires en justice. Après l’avertissement voilé mais ferme du censeur de service, Claude Askolovitch et tous les journalistes de la radio d’État auront compris le message : « je ne veux voir qu’une seule tête, la mienne ». Reste à savoir si, dans le cadre du service public de radiodiffusion et a fortiori à l’occasion d’une revue de presse, il est du devoir d’un journaliste professionnel de traiter l’actualité sans œillères ni omerta et de passer en revue la presse dans son ensemble sans exclusive. Ce n’est manifestement pas l’avis du médiateur de la radio. À chacun son métier.