Par Francis Bergeron
De la Haute-Loire à la Lozère, avec une incursion par l’Ardèche, il existe un chemin de pèlerinage qui se pratique en douze jours. Ce n’est pas un pèlerinage religieux mais une sorte de promenade littéraire, sur les pas de l’écrivain écossais Robert Louis Stevenson.
Au tout début de l’automne 1878, Stevenson, que l’on connaît pour deux fameux romans : L’île au trésor et Docteur Jekyll et Mister Hyde, avait traversé les Cévennes, accompagné de l’ânesse Modestine, qui portait son barda. Ces derniers temps, des adeptes de cet excellent écrivain, redécouvert à la fin des années soixante-dix grâce au génial critique littéraire Francis Lacassin (disparu en 2008), ont entrepris de refaire ce circuit, que Stevenson avait raconté dans un livre intitulé : Travels with a donkey in the Cevennes (Promenades avec un âne à travers les Cévennes).
La bande dessinée biographique : Stevenson, le pirate intérieur, nous raconte ce périple, mais elle nous fait aussi découvrir la vie aventureuse de Stevenson et l’ensemble de son œuvre. Stevenson, c’est l’histoire d’un homme qui voyagea en canoë en Belgique et en France, qui traversa l’Atlantique pour s’installer sur la côte ouest des Etats-Unis, qui séjourna ensuite en Suisse avant de retourner en Ecosse, qui repartit pour vivre à la frontière canadienne, qui explora les îles Marquises, Tuamotus, Tahiti, Samoa, Gilbert, sans parler de l’Australie et d’Honolulu. A Samoa, où Stevenson va passer les dernières années de sa vie (il y meurt à l’âge de 44 ans), les indigènes l’avaient surnommé Tusitala, celui qui raconte des histoires. Car il ne savait faire que cela, raconter des histoires.
Et voici que c’est sa propre histoire qui est ici racontée par d’autres, par le scénariste de bandes dessinées Rodolphe, qui est l’un des meilleurs de sa génération, et par le dessinateur René Follet. René Follet n’a pas, dans le petit monde de la bande dessinée, la notoriété d’un Giraud (Blueberry), d’un Tibet (Ric Hochet), ou d’un Hermann (Bernard Prince). Car son nom n’est pas identifié à celui d’un héros précis. Et pourtant, il est possible que ce soit le plus grand de tous. Les collectionneurs ne s’y trompent pas, qui s’arrachent ses dessins et ses planches, considérés comme des œuvres d’art à part entière. Alors, terminons par cette mise en garde : Stevenson, le pirate intérieur ? Attention, c’est un chef-d’œuvre !
• Stevenson, le pirate intérieur, par Follet et Rodolphe, « Aire libre », Dupuis, 2013.
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