“Ici c’est la France, c’est pas le Gabon. Si vous voulez parler du Gabon, retournez-y”. Le meeting de Nicolas Sarkozy à Marcq-en-Barœul (Nord), qui clôturait une journée de déplacement commencée à Calais, a été perturbé mercredi 21 septembre par une dizaine d’étudiants gabonais opposés à leur président élu Ali Bongo. Alors que le candidat à la primaire de la droite et du centre s’exprimait devant un millier de partisans, ces étudiants, portant des drapeaux du Gabon, ont fait irruption dans la salle en scandant “Sarko, vient chercher Ali!”.
Après plusieurs dizaines de secondes de flottement, Nicolas Sarkozy a répliqué au micro à l’intention des étudiants. “Ici c’est la France, c’est pas le Gabon. Si vous voulez parler du Gabon, retournez-y!”, a-t-il lancé, sous les applaudissements nourris de la salle. Les étudiants gabonais ont ensuite été expulsés de la salle par la sécurité.(..)
C’est la deuxième fois cette semaine que des opposants à Ali Bongo s’invitent dans une réunion publique de Nicolas Sarkozy, comme on peut l’entendre à celle de Franconville (Val-d’Oise) lundi dans la vidéo ci-dessous:
Depuis début septembre, Nicolas Sarkozy est régulièrement la cible de manifestants gabonais qui l’accusent d’avoir soutenu le maintien au pouvoir d’Ali Bongo en 2009. Le 3 septembre, dans un cortège se rendant à l’Ambassade du Gabon, certains membres de la diaspora gabonaise avaient crié “Sarkozy! Viens chercher Ali”. Le 7 septembre, une manifestation s’était tenue devant le siège parisien des Républicains aux cris de “Sarkozy corrompu par Ali Bongo et Sassou”.
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Nicolas Sarkozy a beau s’entraîner quotidiennement à la course à pied, il s’essouffle à vouloir rattraper Marine Le Pen. Il en devient pathétique à force de vouloir, tous les jours ou presque, lui emprunter son programme et, surtout, ses électeurs. Mais ceux-là ne sont pas dupes qui continuent de placer Marine Le Pen en tête. Pis, Alain Juppé, qui prend le contre-pied des propositions de la droite nationale, dans une pure ligne chiraquienne, devance, lui aussi, l’ancien président de la République. Le plagiat ne paie pas plus que le crime. Alors, comme les nouveaux convertis, Nicolas Sarkozy pèche par excès de zèle.
Il ne se contente plus d’emprunts à Marine, il puise aussi dans les formules de son père qu’il a pourtant farouchement combattu. On se souvient que Jean-Marie Le Pen, pour désigner les Français de souche, les autochtones que nous sommes, évoquait les Gaulois. Ce qui lui valait, bien sûr, les attaques de la gauche comme des libéraux, qui y voyaient des relents inévitablement « nauséabonds » d’un racisme haineux et d’un nationalisme honni. Les Gaulois ? Depuis cette époque-là, nous disait-on, de l’eau a coulé sous les ponts et d’autres sangs dans les veines françaises ! C’était l’époque, souvenez-vous, ou un certain Nicolas Sarkozy se présentait comme « un petit Français de sang-mêlé », solidaire des immigrés et non des Gaulois.
Et voilà que désormais, dans ses meetings, il évoque ces Gaulois, électoralement ressuscités : « Dès que vous devenez français, vos ancêtres sont Gaulois », a-t-il lancé pour exalter l’assimilation qui devrait être le sort des immigrés aspirant à la nationalité française. Voilà, selon lui, la solution, alors que c’est le problème ! Car pour nombre d’étrangers venus d’au-delà de la Méditerranée, le Gaulois, c’est l’ennemi. Ainsi nous désignent-ils entre eux avant, ou en même temps, que les « croisés ». Ceux qu’ils combattent. Ils ne veulent pas devenir Gaulois et, quand ils le sont devenus sur le papier, leur haine de la France et des Français continue de prospérer. Le président Sarkozy, dans son discours de Grenoble, avait naguère annoncé, pour certains de ceux-là, la déchéance de la nationalité, avant d’y renoncer promptement devant les cris d’orfraie de la gauche bien-pensante.
« Nos ancêtres les Gaulois… » Il y a belle lurette que les programmes d’histoire ont abandonné cette formule qui connut ses beaux jours dans les manuels de naguère, le célèbre Lavisse, notamment. Sous Sarkozy, les apprentis sorciers de la pédagogie moderne n’ont pas cessé de cogérer l’Education nationale, quel que soit le titulaire du portefeuille, renonçant à l’enseignement linéaire de l’histoire au profit de « séquences » thématiques. Demandez à un jeune d’aujourd’hui à quelle époque il situe les Gaulois, vous serez étonné des réponses.
Le Gaulois, Sarkozy l’a oublié, résiste aux envahisseurs, ce n’est pas celui qui, comme lui, accepte la politique de frontières ouvertes en ayant approuvé tous les traités européens, ce dont nous payons durement le prix aujourd’hui, dans le sang et les larmes. C’est sa dernière métamorphose électoraliste et sa dernière imposture que de faire croire qu’il peut être Astérix.
Guy Rouvrais – Présent