Immigration, abandon culturel, soumission politique, économique et militaire. Avant la perte de contrôle de ses terres de manière extérieure et pratique, ainsi que de ses prérogatives à l’étranger par l’abandon de ses traditions diplomatiques, les dirigeants français ont connu une invasion intérieure : celle de leur esprit. Et les frontières étaient devenues (trop) poreuses avant de disparaître.
Le poisson pourrit toujours par la tête. La politique de la France ne ressemble en rien à celle de son histoire car ses racines sont détruites jour après jour par ses dirigeants faisant allégeance à d’autres puissances.
Nous pouvons noter plusieurs grandes lignes de cet effondrement programmé. Depuis le discret, mais visible, coup d’État du pouvoir de convaincre (le soft power américain) de Mai 68, la société française est passée sous tutelle américaine, sapant quasi totalement ses racines helléno-chrétiennes en matière politique, économique, culturelle et même sociologique (déjà initié lors de la Révolution).
Cette américanisation de la société a amené en France le communautarisme, phénomène sociologique antithétique à l’assimilation, tradition française ancienne, telle que la décrivait Jacques Bainville dans les premières pages d’Histoire de France : « Les hommes, elle les assimilera, elle les polira. Comme sa civilisation, sa religion est romaine, et la religion est sauvée : désormais le fonds de la France religieuse, à travers les siècles, sera le catholicisme orthodoxe. »
Malgré la perte de sa grandeur politique lors du XIXe siècle, la France avait gardé ses spécificités par le rayonnement de sa culture, dernier avatar disparu, ou presque, aujourd’hui. La haine de soi et la destruction du roman national relayées sur le territoire national par des agents de l’étranger (notamment dans l’objectif avoué des élites cosmopolites de l’établissement d’un gouvernement mondial) ont fini de soumettre la France à l’hégémonie anglo-saxonne.
Dans Louis de Gonzague, écho entre L’Art de la guerre de Sun Tzu et Propaganda d’Edward Bernays, Charles Péguy écrivait, au début du XXe siècle, que « la plus dangereuse des invasions, l’invasion qui entre en dedans, l’invasion de la vie intérieure, est infiniment plus dangereuse pour un peuple qu’une invasion, qu’une occupation territoriale ».
La révolution et l’invasion dans l’âme française détruisent peu à peu son corps. L’oubli et la destruction de ses fondements semblent donc criminels, mais ce ne sont faits uniques dans le pays de Clovis. « Ainsi l’histoire de la France, c’est celle de l’élaboration et de la conservation de notre pays à travers des accidents, des difficultés, des orages, venus de l’intérieur comme de l’extérieur, qui ont failli vingt fois renverser la maison et après lesquels il a fallu la reconstruire. La France est une œuvre de l’intelligence et de la volonté », écrivait le même Bainville. L’Histoire de France ne s’arrête pas. À la France de trouver en son sein les femmes et les hommes afin de retrouver et continuer la sienne.