Entre la Jouréee mondiale de sensibilisation à la leucémie myéloïde chronique et la Journée Mondiale contre les brevets logiciels, en même temps que la Journée Journée nationale du refus de l’échec scolaire, voici le “grand sujet du jour”… Célébrée pour la première fois en 1999, la Journée de la bisexualité est née de l’initiative de trois militants bisexuels américains : Wendy Curry (originaire du Maine), Michael Page (de Floride) et la texane Gigi Raven. Et pour vous en parler, nous cédons évidemment la “parole” à Libération. (NDLR)
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Pour certains, elle «n’existe pas». Pour d’autres, elle n’est qu’un «passage», un «effet de mode». Alors que se tiendra ce mercredi la journée internationale de la bisexualité, les associations Bi’Cause, SOS homophobie, Act Up-Paris et le MAG Jeunes LGBT ont dévoilé ce mardi les résultats de la toute première enquête nationale consacrée à cette orientation sexuelle. Lancée en 2012, l’enquête est née du constat commun à ces quatre associations de l’invisibilité des personnes bisexuelles dans la société.
«Leur orientation sexuelle est souvent perçue comme un état intermédiaire sur lequel il n’est pas nécessaire de s’attarder», souligne l’enquête dans son préambule. De fait, la bisexualité est peu étudiée, les associations ne sont guère nombreuses et les témoignages sur le sujet sont rares. Dans le rapport annuel de SOS homophobie, ils ne représentent que 27 signalements sur les 2 000 collectés. «Il en résulte une difficulté à définir précisément la biphobie et les violences spécifiques que les personnes bisexuelles peuvent subir sont méconnues», souligne le rapport.
Alors, pour «comprendre, analyser et dénoncer», l’enquête décortique perceptions, représentations, préjugés associés à cette orientation sexuelle afin de poser les premières bases de réflexion sur la bisexualité et la biphobie.
Résultats ? Pas de chiffres fracassants, ni de témoignages d’agressions accablants. Pour 85% des personnes interrogées, la bisexualité est «une orientation sexuelle comme une autre». Et 76% des répondants déclarent connaître des bi(e)s dans leur entourage. Tout roule pour les bi(e)s ? C’est surtout une violence, une biphobie insidieuse qui se dégage de ces travaux. «Nous avons laissé la possibilité aux répondants de mettre des commentaires», explique Vincent Strobel, président de Bi’Cause. «Et même dans les plus bienveillants, des clichés sur la bisexualité étaient véhiculés.» Ils sont perçus comme «volages», «libertins». «Instables». «Incapables de faire un choix». «Le panel de l’enquête est biaisé, ce n’est pas scientifique», préviennent les membres des associations. «Nous n’avons pas réussi à toucher l’ensemble de la population.» Sur l’ensemble des 6 017 personnes ayant répondu à l’enquête, les répondants hétérosexuels ne représentent qu’un quart de l’ensemble des répondants, taux faible en comparaison de leur présence dans la population française. «Nous avons volontairement choisi de demander l’orientation sexuelle des répondants», souligne l’enquête. «En effet, la bisexualité semble catalyser de nombreuses craintes tant du côté des hétérosexuels que des gays et lesbiennes.»
Une foire aux clichés donc, aussi bien de la part d’homos que d’hétéros, dans laquelle les bi(e)s seraient des «êtres hypersexualisés dont la libido serait plus élevée que la moyenne». Si 71% de personnes interrogées peuvent concevoir de tomber amoureuses d’un ou d’une bisexuel(le), elles ne sont plus que 61% à envisager de s’engager dans une relation amoureuse avec un ou une bi(e). De quoi susciter «une réelle souffrance», observe Vincent Strobel, président de Bi’Cause, qui aux côtés de plusieurs autres associations, appelle à battre le pavé mercredi à Paris, en clamant bien fort : «La bisexualité existe, se manifeste, s’exprime. Ensemble, défendons-la !»