Si le christianisme finit par être éradiqué des régions mêmes où il naquit, les États-Unis en porteront la très lourde responsabilité. Parce qu’ils avaient le devoir impérieux d’empêcher cette disparition. Et parce qu’ils en avaient les moyens à la fois militaires et diplomatiques. Bilan en forme d’accusation de l’International Religious Freedom (IRF), une organisation qui dose chaque année le niveau des libertés religieuses dans les pays « sensibles ». L’IRF remarque encore qu’il serait vain de chercher au cours des dix dernières années une seule initiative venant de la Maison Blanche ou du département d’État qui se soit révélée bénéfique aux chrétiens d’Orient.
Certes, il ne fallait pas attendre un grand soutien de la part d’Hillary Clinton, ex-secrétaire d’État, dont la soumission aux lobbies globalo-sionistes passera dans les annales légendaires de la « diplomatie » américaine. Il ne fallait pas non plus attendre un gros effort de la part de John Kerry, l’actuel secrétaire d’État, dont le catholicisme de recensement s’ajoute à un manque chronique d’analyse qui atteint parfois le pathétique.
Washington est bien placé pour suivre cette tragédie et en évaluer les conséquences. Mais Washington ne réagit pas. Washington ne fait rien. Washington se tait. Pourquoi ?
D’abord, totalement inféodé à un globalisme antinational et areligieux, l’establishment américain entretient, au fil des gouvernements républicains ou démocrates, un anti-christianisme sournois qui apparaît comme l’exact reflet d’une perte générale des valeurs traditionnelles. Ensuite, préoccupée par d’énormes problèmes financiers, fragilisée par la désertion des fidèles, assaillie par le politiquement correct, l’Église catholique aux États-Unis n’a pas su – ou pas voulu – jeter dans ce débat tout son poids qui aurait pu soulager ses fils vivant sous la dictature d’Allah. Enfin, le fameux « printemps arabe », qui consista, au nom d’une mythique démocratie, à désorganiser le front intérieur des ennemis potentiels d’Israël, devait fatalement se solder par l’émergence d’un radicalisme démagogique dont les boucs émissaires naturels ne pouvaient être que les partisans du statu quo.
Partout où les Américains ont détruit ce statu quo, on vit apparaître presque simultanément le génocide antichrétien. La preuve par l’Irak, la Syrie, l’Égypte et la Libye. Hussein, Assad, Moubarak et Kadhafi ont toujours appuyé leur régime sur un véritable laïcisme : les chrétiens étaient traités comme les autres croyants. Seuls les radicaux islamistes étaient pourchassés. Maintenant, c’est l’inverse : les chrétiens sont persécutés sous la loi des fanatiques.
A qui la faute ? En guise de réponse, quelques faits en vrac. En 2010, les Talibans détruisirent la dernière église d’Afghanistan. Les chrétiens de ce pays – il en reste quelques milliers – demandèrent à Kaboul l’autorisation de la reconstruire. Refusée. Et ce refus fut contresigné par l’Américain de service au palais présidentiel. La Corée du Nord, l’Arabie Saoudite et l’Afghanistan sont, dans l’ordre, les trois pays au monde les plus hostiles au christianisme; les États-Unis financent les deux derniers. Enfin, Washington s’applique à accueillir à bras ouverts – par milliers chaque mois – les musulmans de tout ce Moyen-Orient en ébullition. Dans le même temps, les chrétiens de même origine ne franchissent les frontières américaines qu’au compte-gouttes.
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