Durant la nuit du 17 au 18 juillet, Facebook a bloqué plus de 25 pages catholiques conservatrices, certaines comptant des millions de followers, pour « suspicion d’activités troubles », avant de les rétablir le 19 juillet à 1 heure du matin, prétextant un « dysfonctionnement dans le mécanisme de détection des spams de la plateforme ». L’argument ne convainc guère les responsables censurés et l’on évoque soit une action extérieure visant à leurrer Facebook, soit l’action isolée d’un employé anticatholique de la compagnie. Quoi qu’il en soit, l’incident démontre la capacité de verrouillage idéologiquedu géant de Menlo Park, lequel en revanche ne se prive pas de donner des gages au régime communiste chinois pour obtenir sa mansuétude et revenir sur son marché.
Seules des pages très fréquentées ont été bloquées : celles de Franck J. Hoffman, de Kenneth Alimba, de Godwin Delali Adadzie…
Les pages Facebook catholiques censurées affichent chacune de plusieurs centaines de milliers d’abonnés à quelque neuf millions, selon la Catholic News Agency (CNA) qui a révélé l’affaire. Elles sont rédigées en anglais, portugais ou espagnol. Vingt-et-une sont basées au Brésil, quatre sont rédigées en anglais avec des administrateurs aux Etats-Unis ou en Afrique. La page du prêtre Frère Franck J. Hoffman, par ailleurs patron de Relevant Radio, affiche 3,5 millions de « likes ». Bloquée elle aussi, « Catholic and Proud » de Kenneth Alimba (Nigeria), résultat d’années de travail, compte six millions de followers. Détail troublant : d’autres pages de M. Alimba, qui affichent peu d’abonnés, n’ont pas été bloquées.
Les administrateurs de ces pages ont tout de suite évoqué une « censure », Facebook ayant été par le passé accusé de bloquer des éléments jugés « conservateurs », affirmation démentie par le PDG de la multinationale, Mark Zuckerberg. Pour M. Alimba, les gens de Facebook « ont combattu et continuent de combattre tout ce qui paraît catholique et conservateur ». Godwin Delali Adadzie, administrateur de la page « Jesus and Mary » qui compte 1,7 millions d’abonnés et présente en tête une image des Sacrés Cœurs de Jésus et Marie, elle aussi bloquée, témoigne que Facebook lui avait demandé le 17 juillet de télécharger sa propre photographie car son compte personnel était, selon la compagnie, « suspecté d’activités suspectes » (sic). Adadzie, auteur catholique et évangélisateur est considéré comme « un acteurs-clé du succès de l’Eglise en Afrique ».
Un bogue ? Mais pourquoi Facebook n’a-t-il censuré que les pages catholiques à fort trafic ?
Plusieurs observateurs estiment que ces 25 pages, bloquées 24 heures durant, ne sont que la partie émergée de l’iceberg et que les pages catholiques bloquées régulièrement se compteraient par dizaines. Ils s’interrogent aussi sur la sincérité de Facebook quand la compagnie affirme qu’il ne s’est agi que d’un bogue : un tel incident aurait bloqué toutes les pages, sans prendre en considération leur trafic propre. Or Facebook n’a censuré que les pages catholiques conservatrices affichant un très fort trafic.
Un porte-parole de Facebook avait simplement affirmé, en espagnol : « Les pages ont été restaurées. L’incident a été causé accidentellement par le mécanisme de détection des spams de la plateforme. Nous présentons nos excuses les plus sincères pour le tort que nous avons pu causer ».
Selon ChurchPop, des groupes anticatholiques ont pu dénoncer ces pages comme des spams… ou un employé a pu agir seul
Le site ChurchPop évoque plusieurs scénarios. Des groupes anticatholiques ont pu « dénoncer de façon coordonnée ces pages comme des spams, entraînant une action automatique de Facebook ». En corollaire, « un employé anticatholique de Facebook chargé d’analyser les rapports de spams aurait pu utiliser ces dénonciations pour bloquer les pages ». Autre hypothèse : « Un employé qui n’aime pas l’Eglise catholique a pu utiliser ses compétences pour bloquer les pages et ce n’est qu’une fois que Facebook s’en est aperçu que la compagnie les a réactivées ». Selon ChurchPop, il reste très peu probable que ce soit la direction de Facebook qui vise les catholiques et ces deux hypothèses expliqueraient pourquoi « seules des pages catholiques ont été affectées », pourquoi « toutes les grandes pages catholiques ne l’ont pas été » et pourquoi enfin « la censure a été rapidement levée pour toutes les pages concernées ».
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