Le curé de l’île de Sein s’en va. Comme ses prédécesseurs il a craqué : « La mer, le dépaysement, la solitude morale ont détruit son courage. » Le sacristain, le jeune Thomas Gourvennec , observe la mélancolie du prêtre et s’inquiète pour l’avenir. Les iliens se conduiront mal sans prêtre. Beaucoup sont un peu naufrageurs et les mauvaises habitudes reviendront.
Justement, une grosse barque fait naufrage peu après. Les matelots sont recueillis puis dépouillés et laissés nus sur la grève en attendant un prochain bateau. Thomas est indigné et le dimanche suivant, alors que les iliens sont réunis à l’église pour prier ensemble, il prend la parole : « Mes chers frères, leur dit-il, et il entama un discours véhément contre les mauvais chrétiens. La paroisse l’écoutait sans surprise, avec une attention fidèle. Chacun croyait qu’il s’agissait d’une initiative arrêtée de concert par les autres et ne manquait pas de l’approuver. »
Le sort en est jeté : Thomas sera le nouveau prêtre puisque l’Evêque n’en n’envoie plus. Les paroissiens ont trouvé qu’il avait bien parlé et ses parents le regardent avec admiration. On le presse de ne plus aller pêcher avec son père mais de s’installer au presbytère : c’est un homme différent maintenant.
Thomas est embarrassé. Tout cela n’est pas raisonnable mais il faut bien parler de Dieu sinon tous redeviendront païens. Alors il accepte, sans orgueil, pensant que c’est la meilleure solution. Il n’a pas encore mesuré toutes les conséquences de cette insolite situation.
Henri Queffélec est le grand écrivain maritime français du XXè siècle. Cet amoureux de la mer et de la Bretagne nous transmet sa flamme avec talent. Le style est sobre et limpide. Les descriptions des tempêtes sont impressionnantes. Les personnages sont parfois burlesques, souvent touchants.
Le lecteur se plonge dans cette atmosphère si particulière et ne regrette pas cet étrange voyage sur l’île de Sein.
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