Selon l’Organisation Mondiale du Tourisme des Nations Unies (OMT), le nombre d’arrivées de touristes internationaux (ATI) devrait atteindre 1,8 milliard d’arrivées par an d’ici 2030. La majeure partie de la croissance du tourisme se concentrera dans les zones côtières, représentant entre 20 % et 100 % du tourisme selon la taille et la géographie du pays concerné. Les bateaux de croisière absorbent une partie de cette croissance mondiale.
Il y a quelques semaines, les images d’un paquebot hors de contrôle heurtant les quais de Venise ont fait le tour du monde. La Cité des Doges est d’ailleurs gravement menacée par ces géants des mers qui croisent tous les jours dans ses eaux, notamment à cause de la pollution qu’ils émettent. Invisible pour qui n’habite pas dans ces grandes métropoles du bord de mer, elle est pourtant bien plus importante, en quantité, que celle émise par les voitures. C’est ce qu’indique l’ONG Transport & Environment dans un rapport alarmant. Un bateau de croisière consommant en moyenne 2 000 litres par heure en mer et 700 litres à quai, on estime qu’il polluerait autant qu’un million de voitures !
L’Espagne et l’Italie sont les pays les plus exposés car certains de leurs ports sont des escales de prédilection sur les circuits maritimes des grands croisiéristes. Barcelone, Palma de Majorque et Venise figurent parmi les ports les plus pollués en Europe, Marseille, premier port français du classement, se situant à la huitième place. Après l’Espagne et l’Italie, la Grèce, la France et la Norvège sont, dans l’ordre, les autres pays en Europe les plus touchés par la pollution de l’air par les paquebots faisant escale sur leurs côtes.
Des solutions concrètes existent pourtant. Transport & Environment demande par exemple à l’Union européenne de favoriser par une politique fiscale adéquate la transition vers des « ports à zéro émission ». L’enjeu consiste à développer l’électrification des quais pour que les paquebots amarrés puissent se brancher sur le réseau électrique plutôt qu’utiliser leurs moteurs pour s’alimenter en courant.
Jérémie Fosse, fondateur et président de l’ONG Eco Union, auteur d’un rapport sur le tourisme durable dans les régions maritimes mondiales, est l’invité de C à dire ?!