L’église de Pont-sur-Seine, dans l’Aube, est peu connue. Et pourtant, comme l’avait découvert et publié pour la première fois Sylvain Kerspern dans La Revue de l’Art en 1997 (que l’on peut lire en ligne ici, sans les photographies !), son auteur est bien Philippe de Champaigne, à qui ce décor avait été commandé par Claude Bouthillier de Chavigny qui y possédait un château. Kerspern a complété sa publication sur son site D’Histoire et d’Art et, depuis, l’attribution du décor au bruxellois a été confirmée par plusieurs spécialistes dont Pierre Rosenberg. Outre les illustrations, nous renvoyons à notre vidéo en bas de cet article.
Une église entièrement décorée de peintures murales par Philippe de Champaigne constitue évidemment une œuvre majeure. Rappelons que les seuls autres décors conservés de celui-ci sont les écoinçons de la coupole de la chapelle de la Sorbonne.
Pourtant, les peintures de Pont-sur-Seine sont dans un état préoccupant et n’ont jamais bénéficié d’une restauration. Frédérique Lanoë, l’historienne de l’art spécialiste de Philippe de Champaigne, qui prépare son catalogue raisonné, nous a confirmé qu’il s’agit d’un décor très important, dû à Champaigne lui-même avec sans doute la participation de son atelier. Il s’agit incontestablement d’un chef-d’œuvre en péril qui ne semble pourtant pas préoccuper grand-monde, à part l’association de protection du patrimoine de Pont-sur-Seine qui s’efforce depuis des années de faire bouger les choses, en vain.
Nous avons contacté le maire du village pour lequel ces peintures murales ne sont clairement pas prioritaires. Après nous avoir affirmé abruptement qu’« elle ser[aient] restaurées lorsque l’État paiera[it] », il s’est un peu adouci et a reconnu que cet ensemble avait un intérêt et que la mairie était prête à participer à leur restauration, mais pas pour 20 ou 30 % du montant global (qu’on ne connaît d’ailleurs pas).
Or pour un monument classé comme celui-ci, il est possible d’obtenir 60 % de subvention de l’État. Si l’on ajoute, par exemple, 10 % du département et 10 % de la Région, on peut aboutir à 80 % du coût du chantier. En y rajoutant 10 % grâce à une souscription publique, ce qui est tout à fait atteignable quel que soit le montant global, il ne resterait donc plus que 10 % à la charge de la commune. Lorsque nous avons évoqué ce chiffre de 10 %, il a reconnu que cela était davantage à la portée de la municipalité.
Quant à la DRAC, qui n’a pas encore répondu à nos questions, nous ne connaissons pas sa position sur ce dossier mais elle ne semble pas non plus très active. (…)