Le Chicago Tribune est le quotidien majeur de la ville de l’Illinois, troisième des Etats-Unis en termes de population avec près de trois millions d’habitants. En 2005, il proposait à ses lecteurs d’élire les sept merveilles de Chicago, à l’image des sept merveilles du monde. Musées, bâtiments, environnements uniques, tous les styles sont représentés, et nous vous invitons à en découvrir les secrets.
Si Chicago est riche en constructions impressionnantes, c’est une merveille naturelle qui figure en tête du classement fait par les habitants de la ville. Comment faire plus majestueux et important, en effet, que le lac Michigan ? D’une longueur de 494 kilomètres pour 190 kilomètres de largeur, il borde quatre Etats, et sa superficie est à peine inférieure à celle de l’état de Virginie-Occidentale. Il a bien sûr très vite été utilisé par les colons européens, qui y installèrent de nombreux ports. L’activité touristique sur et aux abords du lac Michigan est aujourd’hui très importante, c’est d’ailleurs en s’y promenant que l’on peut observer l’une des plus belles vues sur la « skyline » de Chicago, un panorama dévoilant la plupart des gratte-ciel de la ville.
Les Cubs ont enfin gagné
A Chicago, mieux vaut aimer le sport ! La ville dispose en effet de pas moins de six équipes professionnelles représentées dans cinq disciplines, le football américain, le football que l’on connaît en Europe, le basketball, le hockey sur glace et le baseball. Le baseball, justement, est le sport national, et la ville accueille deux équipes représentant chacune des quartiers différents. Les White Sox sont basés dans le sud de Chicago, et les Cubs sont installés au nord, jouant leurs matchs dans le Wrigley Field, stade de 41 000 places construit en 1914, figurant lui aussi parmi les sept merveilles de la ville. Utilisé à l’origine par les Chicago Whales, autre équipe de baseball aujourd’hui disparue, il accueille les Cubs depuis 1916, et était le théâtre des matchs de football américain des Chicago Bears jusqu’en 1970.
Les Cubs (que l’on peut traduire par « oursons ») ont récemment marqué l’actualité puisqu’ils ont remporté le championnat en novembre dernier pour la première fois depuis… 108 ans ! Il s’agissait tout simplement de la plus longue disette du sport américain, un manque de réussite de notoriété publique qui était même moqué dans le célèbre film Retour vers le Futur 2 sorti en 1989. Début avril, le Wrigley Field a donc été orné d’une bannière récompensant le succès des Cubs et flottant désormais à côté de celle décrochée en 1908.
Les habitants des grandes métropoles françaises voient la plupart du temps le métro de leur ville comme un moyen de transport peut-être pratique, mais surtout laid, puant et peu sécurisé. A Chicago, il en va différemment ! Le « L », comme l’appellent les Chicagoans, figure en effet parmi les sept merveilles. Plusieurs origines sont évoquées pour ce nom, les plus convaincantes étant qu’il avait à ses débuts une forme de L ou bien que la lettre est une abréviation pour « elevated », puisque sa caractéristique première est d’être aérien. Du haut de sa structure métallique, comprenant aussi de nombreuses parties en bois, il déambule tel un serpent parmi les gratte-ciel de Chicago et va aux quatre coins de la ville en faisant un bruit assourdissant. Les Chicagoans l’aiment mais le métro n’est pas vraiment mieux fréquenté qu’ailleurs, la police des transports y est cependant très présente, y compris pour venir en aide aux touristes égarés. Notons enfin que sa mise en circulation, en 1892, en fait le troisième métro le plus ancien au monde derrière ceux de Londres et de New York.
L’incendie de 1871 et le renouveau
Du 8 au 10 octobre 1871, un immense incendie a ravagé Chicago. Ses habitations, ses célèbres abattoirs, tout ou presque partit en fumée. Ce drame entraîna cependant un phénomène qui redonna des couleurs à la ville ainsi qu’une réputation prestigieuse, celle de métropole imaginative à l’architecture audacieuse et novatrice, puisque les premiers gratte-ciel des Etats-Unis y furent érigés d’après les plans d’architectes de renom comme Daniel Burnham, William Le Baron Jenney et Frank Lloyd Wright. Chicago garda cet état d’esprit lors des décennies suivantes et, avec la collaboration de la société Sears, lança la construction de la Sears Tower en 1973.
Avec ses 442 mètres de haut (527 mètres avec l’antenne), elle devint la tour la plus haute du pays, record qui a tenu jusqu’à l’inauguration du nouveau One World Trade Center de New York en 2013. La Sears Tower changea de nom en 2009 pour celui de Willis Tower. Accueillant toujours de nombreux employés à travers ses 108 étages, la tour est aussi devenue une attraction touristique de premier plan. Lorsqu’on emprunte l’un des 104 ascenseurs pour la visiter, il faut à peine une minute pour arriver en haut, moment durant lequel on a droit à des anecdotes sur le gratte-ciel ; nous sommes également informés lorsque nous dépassons le niveau de bâtiments célèbres du monde entier, notamment celui de la Tour Eiffel. Attention aux oreilles, elles se bouchent comme lors du décollage d’un avion ! D’en haut, on peut un jour de soleil admirer toute la ville mais aussi apercevoir quatre Etats alentour. Pour information, le deuxième immeuble le plus haut de Chicago n’est autre que la Trump Tower, dont le nom est affiché en lettres immenses sur la façade, même si le John Hancock Center, vu par certains comme la tour à l’architecture parfaite, est plus représentatif de la ville.
Près du John Hancock Center justement, on tombe nez à nez avec la Water Tower, d’un style très différent, beaucoup plus petite avec ses 47 mètres de haut, mais plus symbolique pour les Chicagoans qui l’ont donc intégrée à leur classement. Cette tour à l’apparence européenne, presque médiévale, avec ses remparts, n’est en fait qu’un château d’eau de style néo-gothique construit en 1869, qui a surtout la particularité d’avoir résisté au fameux incendie de 1871. Il fut alors un point de ralliement pour les habitants. Si plusieurs autres bâtiments ont échappé aux flammes, la Water Tower est le seul toujours debout.
Côté musées
Les expositions permanentes que l’on y découvre sont aussi nombreuses que variées, de quoi déconcerter plus d’un visiteur européen. On passe d’une salle moderne expliquant certains phénomènes météorologiques à une autre plus kitch retraçant l’histoire du cirque, avant d’arriver face à un immense sous-marin allemand authentique récupéré pendant la Seconde Guerre mondiale. Et ce n’est pas fini, puisque l’on croise pêle-mêle différents avions, de nombreux modèles de voitures, une locomotive construite à la fin du XIXe siècle, mais aussi le module de l’équipage de la mission spatiale Apollo 8, celle qui emmena pour la première fois des hommes au-delà de l’orbite terrestre. Enfin, une exposition temporaire présente une collection de… lego, ces petites briques multicolores dont raffolent les enfants ! Si cette diversité est perturbante, la richesse des collections n’en est pas moins intéressante, on pourrait passer trois jours dans le musée, il y en a en tout cas pour tous les goûts.
Près du musée est installée l’université de Chicago, la septième et dernière merveille de la ville selon les lecteurs du Chicago Tribune. Il s’agit de l’une des plus prestigieuses du pays, elle a vu passer de nombreux génies dans les différents secteurs qui y sont enseignés (médecine, business, droit, administration…). Comme de nombreux campus américains, il s’agit d’une vraie petite ville avec tous les services possibles, y compris une police de l’université. Ses 15 000 étudiants ont aussi accès à un immense complexe sportif et à une somptueuse chapelle gothique.
Si l’université n’est évidemment pas un lieu touristique, on peut tout de même déambuler à travers ses bâtiments en profitant du décor et de la verdure. Attention toutefois de ne pas se perdre puisque nous sommes là au sud de Chicago, près des quartiers dangereux par lesquels il faut même passer si l’on vient du centre-ville et que l’on se déplace en métro.
La merveille oubliée
Situé dans le centre-ville, en face du panneau marquant le début de la célèbre Route 66, vous y êtes accueilli par deux imposants lions en bronze. Le bâtiment, de style Beaux-arts a, comme le musée des Sciences et de l’Industrie, pu être construit grâce à l’exposition universelle de 1893.
On y trouve des collections variées, aussi artistiques qu’historiques et en provenance du monde entier. N’en déplaise à Emmanuel Macron, l’art français est à l’honneur avec de nombreuses pièces des grands maîtres de notre pays, de Monet à Manet en passant par Renoir, Cézanne et Degas. Les expatriés ayant le mal du pays pourront aussi se réconforter avec des représentations de Paris (Rue de Paris, temps de pluie, Gustave Caillebotte, 1877) ou de Boulogne-sur-Mer (Bateau partant de Boulogne, Edouard Manet, 1864). L’art religieux espagnol est largement mis en avant, L’Assomption de la Vierge peinte par le Greco en 1577 étant indiquée parmi les immanquables du musée sur le guide fourni aux visiteurs. L’Amérique n’est pas en reste avec quelques-uns des tableaux les plus célèbres du continent, comme le portrait Pop Art Liz #3 d’Andy Warhol représentant l’actrice Elizabeth Taylor, ou encore le Nighthawks d’Edward Hopper, scène se déroulant de nuit dans un bar et qui, d’après les propos même de l’artiste, montre la solitude dans une grande ville. Les amateurs d’histoire mais aussi de westerns seront ravis, ou du moins intrigués, par les tenues et coiffes d’Indiens d’époque exposées. Leur existence comme leur disparition deviennent tout à coup très concrètes.
Photo en tête : Le lac Michigan borde Chicago et s’étend sur près de 500 kilomètres de long. (Photo Alexandre Rivet)