Folles de joie est un film italien oscillant en permanence entre divers genres, et principalement les genres les plus opposés : la comédie et le drame. Le spectateur ne sait pas souvent s’il est invité à rire ou pleurer. Pour un film présenté surtout comme une comédie, nous avons d’autant moins ri. L’action débute dans un établissement psychiatrique féminin en Italie, sis dans une ancienne villa. Si l’occupation est dense, il représente nonobstant le meilleur cadre pour ces femmes souffrant de troubles mentaux forts divers, mais indiscutables. L’établissement, cogéré avec des religieuses, travaille avec le ministère de la Justice, et reçoit des délinquantes, voire des criminelles, jugées irresponsables, mais ayant commis des actes graves, ou estimées toujours dangereuses pour la société.
Deux de ces patientes profitent d’une occasion, lors d’une sortie, pour s’enfuir. Contre toute attente, elles réussissent à faire durer leur escapade, traversant plusieurs régions d’Italie. L’une veut retrouver son ex-mari, grand avocat fort riche, puis son ex-amant, criminel maffieux vulgaire, tandis que l’autre veut retrouver son enfant, confié à une famille d’accueil. Derrière la folie, qui peut superficiellement amuser à l’occasion, il y a une énorme souffrance humaine. Elle est moins nette pour la grande bourgeoise, plus ou moins naufragée volontaire, aux pulsions autodestructrices, alternant prétentions nobiliaires ridicules et mauvais goût, mais l’est bien davantage pour sa compagne d’évasion. On ne livrera pas ici le crime qu’elle a failli réussir ; il est particulièrement atroce.
Folles de joie, s’il peut émouvoir parfois, s’égare trop souvent. Le film souffre d’une longueur excessive. Les scènes réalistes sont particulièrement dures, et cohabitent mal avec des inventions peu crédibles, à commencer par la durée de l’excursion des deux folles évadées. Dans le film, un prêtre célèbre sur place la messe pour les pensionnaires de l’asile psychiatrique – ce qui est très bien. En revanche, alors que, par définition, leur discernement est fort altéré, et de notoriété publique, elles reçoivent absolument toutes la communion, qu’elles ne distinguent pas visiblement d’une distribution de friandises… On aimerait croire qu’il s’agit là d’une fiction délirante, ou d’une tentative d’humour manqué. Les passages du film traitant de la psychiatrie carcérale, dans ses différentes formes, de la grande villa-asile, idéal relatif, aux prisons médicales strictes, sont visiblement bien documentés, et constituent le seul intérêt de Folles de joie.
Dans son ensemble, le film est tout simplement raté, même si nombre de critiques ont crié avec une belle unanimité au chef d’œuvre, signe qui trompe rarement.