« Dis quand te tairas-tu… ? »

 Ce n’est pas Mozart mais Barbara que l’on assassine dans Le dernier album de Patrick Bruel où il reprend les plus belles chansons de la grande dame brune. C’est en effet un art délicat que de revisiter les chansons des autres.

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Il faut rendre hommage à Hugues Auffray ou Graeme Allwright qui ont adapté, traduit et introduit en français les œuvres de Leonard Cohen et de Bob Dylan, créant ainsi leur propre répertoire autour de ces deux monuments de la chanson nord-américaine.

Rien à voir avec la démarche de ces artistes à court d’inspiration, qui cherchent à se relancer en reprenant sans vergogne le répertoire de leurs illustres aînés (Higelin-Trenet, Le Forestier-Brassens entre autres), le dernier exemple en date étant celui de Patrick Bruel qui s’approprie les titres à succès de Barbara disparue en I997. Album-hommage bien entendu, ça sonne mieux… Même Télérama n’a pas apprécié. « Il est des hommages qui servent leurs sujets, et les mettent en valeur. Il en est d’autres qui s’en servent pour se faire valoir ».

Des esprits plus bienveillants concéderont que Bruel veut faire connaître aux plus jeunes l’œuvre de Barbara, oubliant que ses albums sont toujours disponibles dans les bacs des disquaires. Et qu’en l’occurrence rien ne vaut l’original. C’est simplement qu’il manque à Bruel la pudeur et l’élégance de la longue dame brune que Moustaki avait « habillée de voile de brume et de rosée »…

Dans un entretien au Parisien lundi dernier, William Sheller témoigne de la véritable vénération qu’il avait pour la chanteuse Barbara. Mais quand on lui demande ce qu’il pense de l’album de Bruel, Sheller ne mâche pas ses mots : « On ne chante pas Barbara avec une voix de déménageur. Et puis Barbara ce sont des chansons de femme. »

José Medeinger – Boulevard Voltaire

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