https://www.youtube.com/watch?v=Wd8HLKNgSZ8
L’actrice italienne Laura Antonelli, ex-compagne de l’acteur français Jean-Paul Belmondo, a été retrouvée morte à son domicile à Ladispoli, près de Rome.
Laura Antonelli, 73 ans, était née le 28 novembre 1941 dans la ville de Pula, Croatie.
Elle s’était surtout rendue célèbre dans les années 70 pour des rôles sexy dans les comédies érotiques italiennes : “La révolution sexuelle” tourné en 1968 ou “Malizia”, en 1973 avant de travailler avec de grands noms du cinéma italien, Luchino Visconti, Dino Risi, Ettore Scola et Luigi Comencini.
Elle fut la “bombe” du cinéma italien des années 1970 et connut l’ivresse de la gloire. Mais Laura Antonelli vivait pauvre et recluse. voici ce qui est advenu.
Qui sait combien de millions d’Italiens ont été convertis à la lecture par ses jambes caressées de Nylon? Laura Antonelli a tourné pour Comencini, Scola, Rappeneau, Chabrol et Visconti, qui voyait en elle “la plus belle femme de l’univers” et lui offrit le rôle de l’héroïne aux seins lourds et au front fiévreux de L’Innocent, son chef-d’oeuvre tardif. Mais c’est un petit escabeau posé sur des rangées de livres qui l’a hissée au rang d’icône. Dans Malizia, film culte et délicieusement cul de Salvatore Samperi sorti en 1973, l’actrice gravit l’escalier d’une bibliothèque en tenue de soubrette. Une poignée de secondes longues comme l’éternité. Six petites marches qui avaient rapporté 6 milliards de lires au box-office et mué l’enfant de Pola (Istrie) en fantasme. Dans l’Italie des années de plomb, elle était un sex-symbol rassurant, une casalinga – femme au foyer – presque étonnée de sa puissance érotique. Une bombe au regard doux comme de l’encaustique, qui avait fait fondre Jean-Paul Belmondo sur le tournage des Mariés de l’an II, en 1971.
On parle au passé et c’est exprès. Laura Antonelli n’est pas morte, mais elle a trébuché sur tous les écueils de la gloire: elle survit dans un immeuble moche de Ladispoli, à 40 kilomètres de Rome. Son corps jadis si féru de gymnastique est devenu obèse. Son regard velouté a disparu sous les plis d’un visage ravagé par l’alcool, la drogue et la chirurgie esthétique. Ni télévision ni souvenirs n’encombrent un intérieur quasi monacal. Les bijoux offerts par “Bébel” ont disparu depuis longtemps, cédés à des pauvres rencontrés sur les bancs de l’église. La signora, âgée de 69 ans, a pour seule compagnie une Madonnina accrochée au mur, un poste de radio toujours branché sur les sermons de Radio Maria, une dame chargée de faire le ménage et les courses. Dans son deux-pièces aux persiennes baissées, elle réfléchit au Grand Tout, prie, converse avec les morts, reçoit très peu, et jamais de journalistes. Son ami, le réalisateur Marco Risi, parvient parfois à la faire rire : “J’ai vu l’un de tes films à la télé, hier soir. Comme tu étais belle, Lauretta !” lui a-t-il lancé l’autre jour. L’acteur Lino Banfi, lui, n’a pu retenir ses larmes quand, en juin dernier, il a pris dans ses bras celle qu’il n’avait pas vue depuis vingt-deux ans : “Quel choc… Elle aussi a pleuré. Puis elle m’a dit: ‘Tu as vu comme la vie a été méchante avec moi ?'” Après cette visite, l’acteur avait publié une lettre ouverte dans le quotidien Il Corriere della Sera, réclamant aux pouvoirs publics l’application d’une loi en faveur des indigents du monde de l’art et du spectacle. Mais les mois ont passé et rien n’est venu. Placée sous tutelle, l’actrice perçoit environ 1500 euros par mois, selon son avocat, Lorenzo Contrada, soit un peu plus que les 510 euros initialement annoncés dans la presse. Via Napoli, même les curieux attirés par la nouvelle de sa déchéance ont fini par déserter…
“Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ?” interrogeait, en 1974, le titre prémonitoire d’une comédie de Luigi Comencini dont elle occupait l’affiche. Oui, comment? Comment “la” Antonelli, héritière annoncée de Sofia Loren et de Gina Lollobrigida, en est-elle arrivée à cette vie de recluse? Ses amis imputent son sort au temps qui passe, à l’abus de cocaïne, mais aussi à une grande fragilité psychologique. “Elle était comme le cristal, prête à se rompre selon les amis qu’elle se choisissait. Et elle n’a pas toujours fait les bons choix…”, se souvient Banfi. Jean-Paul Rappeneau n’a jamais oublié cette “fille ultragentille” qui avait débarqué en tenue de western sur le tournage des Mariés de l’an II: “A Rome, tout le monde ne parlait que d’elle et je l’avais engagée sur photo. La première fois que je l’ai vue, elle portait une minijupe et un gilet de cuir sans soutien-gorge. Lorsque je lui ai dit qu’elle devait jouer une aristocrate corsetée, elle est devenue rouge comme une pivoine! On aurait dit une petite fille prise en faute.” Le soir même, au restaurant, la novice au corps de pécheresse avait aimanté tous les regards: celui d’Ursula Andress, alors compagne de “Bébel”, lançait des éclairs. La James Bond Girl avait fui avant la fin du tournage, laissant son “Magnifique” auprès de sa nouvelle sirène…
Amoureuse, talentueuse, jet-setteuse, mais vulnérable, donc. De ce portrait en Une de Paris Match paru en avril 1980, on retient, au-delà d’un décolleté fellinien, son regard, d’une infinie tristesse. Dans l’interview accordée au magazine, la star évoquait ses amours entre Rome et Saint-Germain-des-Prés, les “palpitations” dues aux absences de “Jean-Paul”, leurs virées en Concorde… Elle y parlait aussi longuement de ses angoisses, liées à ses premières années passées dans un camp de réfugiés slaves avec ses parents et son frère. “Nous ignorions chaque jour où nous irions dormir le lendemain. Je voyais ma mère pleurer en silence et rien ne pouvait me tranquilliser.”
Quelques mois plus tard, les amants mettaient un terme à huit ans d’une liaison sans enfants, sans mariage, sans toit commun, mais chargée d’orages. Pour l’actrice, le déclin s’amorce alors. Il se précipite une nuit d’avril 1991, lorsque les carabiniers découvrent 36 grammes de cocaïne dans sa villa de Cerveteri. Condamnée à trois ans et demi de prison, la star est innocentée en appel six ans plus tard. Entre-temps, le téléphone a cessé de sonner, fourrures et villas avec piscine ont été vendues, la mort a rattrapé ses parents. La dépression s’est installée.
Incohérente, hurlant au téléphone, traquée par les paparazzis, l’actrice se mure alors dans la solitude. La religion devient son refuge, la messe, sa seule mondanité.