Cinq bornes de cette route mythique ont été vandalisées la nuit dernière. Et quatre casques les surmontant ont été volés.
Un massacre. C’est au sacré que l’on vient d’attenter. C’est presqu’une profanation, tant ces bornes sont symboliques. Surtout l’année du Centenaire de la Grande Guerre. Derrière ces blocs de béton rouge et blanc surmontés d’un casque orné d’une couronne de laurier se cache toute la souffrance des soldats de la Bataille de Verdun. Par-delà l’asphalte et la circulation routière, on sent encore la poudre des combats, la sueur des soldats montant au front et le sang de ceux qui revenaient de l’enfer. On entend encore le bruit des moteurs des camions amenant hommes, munitions et matériels. C’est grâce à ce cordon ombilical tendu entre l’arrière et l’enfer que Verdun a tenu. Tout un symbole !
On attribue à Maurice Barrès, la création du nom « Voie sacrée ». Mais si c’est en 1923 que le terme est finalement entériné, c’est le président Poincaré, un Meusien, qui inaugura le 22 août 1922 la borne « 0 » de cette route. La cérémonie eut lieu à Bar-le-Duc.
Le casque à l’origine en bronze a été remplacé depuis longtemps par des casques en laiton dont la patine rappelle l’original. Des bornes qui avaient été restaurées l’an passé par le conseil général de la Meuse. Centenaire oblige. Mais des bornes qui avaient toutes été vandalisées au cours des décennies. La dernière fois, c’était il y a une dizaine d’années. Les casques avaient également été dérobés.
Pourtant, le système de fixation du casque à la borne avait été sécurisé afin, justement, d’éviter ce genre de méfait. Mais le ou les malfaiteurs se sont acharnés et sept bornes ont subi ces outrages entre les communes des Souhesmes et de Heippes, en passant par Lemmes et Souilly. Aucun autre fait de ce type n’a été signalé sur le Sud meusien.
Des casques en laiton…
Ce sont donc des casques en laiton, sans grande valeur marchande, que le ou les vandales ont dérobés, sans doute dans la nuit de lundi à mardi. En tout cas, pas avant lundi en fin d’après-midi, puisque les services du Département qui étaient en train de faucher les accotements de la Voie sacrée, n’ont pas remarqué ces dégradations.
Ces malfaiteurs ont sans doute agi en employant une sorte de masse ou un objet lourd et contondant. En témoignent les traces profondes qui ont marqué le métal sur un casque qui a subi ces chocs sans pouvoir être arraché. Cette borne est située à quelques kilomètres de Souilly en direction de Bar-le-Duc au niveau d’une aire de stationnement. Deux autres casques ont subi les mêmes dégradations.
Sinon, quatre autres bornes ont été attaquées à la masse et le casque y a été dérobé. Ne subsistent sur ces monuments que le béton pulvérisé et des éclats aux alentours.
Il est à noter que les bornes situées à proximité des villages ou sur le territoire de ceux-ci, n’ont pas été touchées. Le bruit de la vandalisation aurait sans doute éveillé la suspicion des riverains.
Hier, c’était donc la stupeur et l’incompréhension dans le département pour les acteurs de la mémoire.
Dans quel but ces casques ont-ils été dérobés ? Pour la valeur du métal ? Ou pour la valeur symbolique liée à 14-18 ? Seule l’enquête pourra le déterminer.
Une enquête qui a été ouverte hier, elle concerne ces vols avec dégradations et est confiée à la communauté de brigades de gendarmerie de Verdun. Les constatations d’usage ont bien sûr été réalisées. Une plainte sera déposée en gendarmerie aujourd’hui par le conseil général de la Meuse.