Extrait de Zaïs, opéra-ballet de Rameau méconnu! (Vidéo)

La partition de Zaïs comporte la mention : « ballet héroïque ». L’ouvrage est à rattacher au genre scénique appelé « opéra-ballet » reconnaissable à sa structure formée « d’entrées » reliées entre elles par un fil ténu, prétexte à des danses et des changements de décors agrémentés de « machines ». Zaïs ne connut qu’un succès modeste. La faiblesse du livret qui se présente avant tout comme une succession de divertissements, fut sévèrement critiquée. Cependant l’auteur, Louis de Cahusac, complice habituel de Rameau, avait lui-même parfaitement défini l’objet de ce genre mixte : « Les vers qui exposent le sujet, les machines qui l’embellissent, les décorations qui établissent le lieu où il s’exécute, n’en sont que les parties accessoires, la Danse est l’objet principal ».

Seule la musique de Rameau permit à Zaïs de sortir de l’oubli en 1977, date de son premier enregistrement. Parmi les pages les plus remarquables on peut citer l’ouverture qui rend avec une étonnante originalité le chaos et la création du monde. Les danses sont d’un grand raffinement et d’une grâce séduisante. Les « ballets figurés » comme le « ballet de la légèreté et de l’inconstance » (acte III) font progresser l’action, comme les chœurs d’une grande richesse mélodique. Plusieurs airs parviennent à susciter l’émotion, tel celui de Zélidie : « Coulez mes pleurs » (acte III). Rameau parvient à traduire l’atmosphère aérienne qui doit régner sur les péripéties d’une intrigue conduite par Zaïs, génie de l’Air. On peut ajouter qu’un parallèle a parfois été établi entre les épreuves imposées à Zélidie et celles affrontées par Pamina dans La Flûte Enchantée de Mozart. S’agirait-il d’une allusion à des épreuves maçonniques ? L’importance de l’Ordre sur la vie intellectuelle du XVIIIème siècle, les contacts de Rameau avec ce milieu influent et l’appartenance certaine du librettiste Cahusac à l’Ordre, conduisent à l’envisager. Quoi qu’il en soit, la présence de certains thèmes maçonniques ne saurait faire d’une œuvre essentiellement tournée vers le divertissement, un manifeste ou une profession de foi cryptée.

Prologue

Oromazès, roi des génies élémentaires, leur annonce le débrouillement du chaos. Ils s’éveillent à sa voix et, frappés du spectacle nouveau que la nature offre à leurs yeux, ils en célèbrent la beauté. Puis l’Amour arrive et vient répandre son feu dans les cœurs.

Premier acte

Zaïs, génie de l’air, est épris de la belle Zélidie, simple bergère, et mortelle, qui l’aime en retour sous les traits qu’il a pris d’un berger. Cindor, sylphe, confident de Zaïs, veut engager son ami à ne prendre que ce qu’il y a d’aimable, et à en jouir en conservant son immortalité, mais Zaïs refuse d’entende ses conseils. Zélidie, au même instant, paraît. Cindor reste invisible à ses yeux et elle ne voit que Zaïs. Le couple se rend au temple pour célébrer la fête de l’Amour. L’Amour prononce un oracle que Zaïs interprète comme lui étant favorable.

Deuxième acte.

Zaïs voulant éprouver la constance Zélidie, demande à Cindor de feindre l’amour pour elle et de l’enlever. Cindor la fait transporter par les Zéphirs jusqu’à sa cour céleste. Zélidie, étonnée de ce brillant séjour, réclame Zaïs. Cindor lui dit de l’oublier et lui déclare son amour avant de lui démontrer sa puissance en déchaînant les Aquilons et en faisant gronder le tonnerre. Zélidie est effrayée, mais dit n’avoir pas peur pour elle mais pour Zaïs resté sur la terre. Cindor lui propose l’immortalité, mais elle refuse par amour pour Zaïs. Le génie lui prouve le pouvoir qu’elle a sur son cœur et lui donne un bouquet dont il suffit de respirert l’odeur pour voir se réaliser tous ses vœux. Elle le respire et Zaïs paraît. Elle lui donne le bouquet et lui dit qu’elle a en Cindor un rival dangereux et puissant.

Troisième acte.

Cindor raconte à Zaïs qu’il n’a pu vaincre la résistance de Zélidie, mais celle-ci, qui ne voit plus Zaïs, commence à croire qu’il est léger et l’a trahie. Elle déplore ses peines. A ce moment, Zaïs reparaît sous les traits de Cindor et lui propose de l’aider à se venger du traître, mais Zélidie dit qu’elle ne peut imaginer son amant infidèle et qu’il doit s’agir d’un enchantement. Elle fuit. Zaïs essaie de la retenir, mais en vain.

Quatrième acte.

Zaïs, qui a suffisamment éprouvé Zélidie, se fait connaître ; mais comme il ne peut conserver son immortalité s’il se lie à une mortelle, il renonce aux avantages de la divinité en répétant les mots de l’oracle : ” Le véritable amour se suffit à lui-même “.

Mais Oromazès, le roi des génies, paraît, rend à Zaïs son immortalité et l’étend à Zélidie pour la récompenser de sa constance.

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