- Soyons clair : pour de nombreuses raisons, notamment pour sa politique de location d’œuvres menée tous azimuts et qui avait commencé avant même le début des travaux du Musée Picasso, nous ne pleurerions pas le départ d’Anne Baldassari, si les révélations récentes du Figaro se révélaient exactes.
Les divers articles parus dans la presse (La Croix,Libération…) vont dans le même sens : il est peu probable que celle-ci soit un jour regrettée.
Mais, toujours dans Le Figaro, on apprend que Laurence Engel, directrice de cabinet d’Aurélie Filippetti, est candidate à sa succession et que l’établissement serait fusionné avec le Centre Pompidou. Cela confirmerait que ce musée n’avait pas la taille critique nécessaire pour devenir établissement public (ce que beaucoup avaient prédit). Mais cela pose aussi une autre question : quels sont les titres de Mme Engel (qui est par ailleurs très sympathique) justifiant qu’elle prenne la tête d’un musée, à part celui d’être l’épouse d’un (ex)conseiller de François Hollande désormais en disgrâce ?
D’autant que les statuts du Musée Picasso précisent que la présidente1 est « nommée pour ses compétences scientifiques », ce qui devrait disqualifier d’office Laurence Engel, bardée de diplômes (IEP, Normale sup, ENA), mais pas les bons.
Une nouvelle fois, tout cela n’est pas clair et, malgré les belles promesses, les critères de nomination sont parfois pour le moins discutables. À moins qu’il ne soit question, lors de la fusion éventuelle du Centre Pompidou avec le Musée Picasso, de supprimer le poste de président de ce dernier établissement. On aurait alors l’exemple inédit d’un président du Centre Pompidou, Alain Seban, sans « compétences scientifiques » (ce que les statuts du Centre Pompidou n’exigent d’ailleurs pas…) qui serait assisté d’une directrice en charge du Musée Picasso sans davantage de « compétences scientifiques », ce que les statuts de ce dernier musée ne prévoient pas non plus. Remarquons à cette occasion que le directeur général du Centre Pompidou n’a pas non plus besoin de « compétences scientifiques »…
Anne Baldassari et d’autres présidents d’établissements publics prouvent qu’être conservateur n’est pas forcément une qualification suffisante. Mais on aimerait savoir en quoi ne pas avoir de « compétences scientifiques » serait a priori un critère positif pour diriger un musée. Décidément, on marche sur la tête.
Tribune de l’art
Notes
1. Contrairement à ce que dit l’article du Figaro, Anne Baldassari n’est pas directrice du musée, mais présidente. Le directeur général est Erol Ok.