L’ELCO pour mieux apprendre la langue du pays d’où l’on vient!

(…) L’ELCO (Enseignements de Langue et de Culture d’Origine) est un organisme dépendant du Ministère de l’Education qui le présente sur son site. Il a pour mission, comme son nom l’indique, d’ancrer les enfants étrangers (qui ont l’un ou l’autre de leurs parents d’origine étrangère) dans leurs langue et culture d’origine. Pas de leur apprendre la langue du pays où ils sont, non : celles du pays où ils ne sont plus.

J’entends déjà les réactionnaires, nombreux parmi mes lecteurs, s’écrier : « Encore un truc inventé par les socialos ! »
Pas du tout : l’initiative en revient à Lionel Stoléru, l’un des dangereux gauchistes qui grenouillaient dans l’entourage de Valéry Giscard d’Estaing en 1974 — René Haby, l’homme du « collège unique », en était un autre. Qu’il fût lui-même d’origine roumaine n’avait rien à voir avec cette initiative : il s’agissait à l’époque de préparer lesdits enfants à un retour dans leur pays d’origine. Stoléru fut d’ailleurs à l’initiative du « million » (10 000 francs) offert à tout immigré consentant à rentrer « chez lui ». C’est à ce titre que cet enseignement reçut l’adoubement des autorités européennes en 1977.

(…) Bref, les immigrants d’aujourd’hui ont vocation à rester ici — on le leur reproche assez, et les élections partielles allemandes n’ont pas manqué de le faire savoir à Angela Merkel. Savoir si c’est ou non une bonne chose n’est pas mon propos — et j’ai dans l’idée que l’analyse serait complexe. Mais au moins, qu’on leur donne les moyens de s’intégrer ! Qu’on leur apprenne le français — à marches forcées s’il le faut !

(…) Le défunt Haut Conseil à l’Intégration (qui a été si opportunément été remplacé par l’Observatoire de la laïcité de notre bon ami Jean-Louis Bianco) avait dans ses ultimes soubresauts, avant de succomber aux coups redoublés de Jean Baubérot, l’homme qui aime les congrès de l’UOIF, et de Jean-Loup Salzmann, l’homme qui ne déteste pas les salafistes de Paris-XIII, émis de fortes réserves sur l’activité réelle des enseignants mandatés par l’ELCO. Le JDD, qui s’était procuré la dernière étude du HCI, racontait en mars 2015 que les 92 500 éèves concernés (dont 87 000 dans le Primaire) recevaient, en même temps que des cours d’arabe et de turc, un enseignement fondamentaliste peu en accord avec la laïcité française (ni d’ailleurs avec la laïcité turque, celle sur laquelle s’assoit présentement Erdogan avec la bénédiction des autorités européennes — j’y reviendrai dans une prochaine Chronique). « Susceptibles de renforcer les références communautaires, les Elco peuvent conduire au communautarisme. Certains interlocuteurs craignent même que les Elco deviennent des « catéchismes islamiques » », écrivent les rapporteurs. Les auteurs se sont en effet étonnés du contenu du guide de l’enseignant édité en 2010 par le ministère de l’Éducation turc et en usage auprès de certains enseignants de langue et culture d’origine. « Ainsi le chapitre V de cet ouvrage intitulé « Foi, islam et morale » insiste sur l’importance de croire en Allah, un des principes de la foi, et sur la nécessaire acquisition par les élèves d’une bonne connaissance de la vie du prophète Mahomet dont l’importance doit être mise en valeur. »

Les enseignants de l’ELCO sont sous la responsabilité des instances académiques, mais payés par les ambassades des pays d’origine : vu ce que sont aujourd’hui les gouvernements algériens ou turcs, on se doute que ce n’est pas Kamel Daoud qui est chargé de cours pour l’ELCO.

Jean-Paul Brighelli

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