Nocturnal Animal, soit évidemment un animal nocturne, est le surnom affectif donné par un mari à sa femme insomniaque. Divorcée depuis très longtemps de ce romancier raté, du moins à son point au début de ce drame, elle a conservé in petto ce surnom ; son mari actuel, fort riche, la néglige, la trompe. Elle se sent seule, ne remplit pas le sentiment de vide de son existence par une activité de mécène dans l’Anti-Art contemporain. Ce dernier est bien montré de façon ironique comme ce qu’il est, un joyeux n’importe quoi, prétexte à un snobisme mondain – donner un sens et une valeur, y compris un prix élevé, à ce qui n’en a aucun. Cependant ceci pose la question, avec l’Anti-Art contemporain sur support vidéo, de ce que l’on peut montrer ou non à un public honnête au cinéma. La séance d’ouverture du film est totalement indécente, et volontairement de mauvais goût, par manifeste ironique.
Au cours de ses nuits d’insomnies, cette femme au fond dépressive, finit par lire le dernier roman de son premier mari. Après plus de deux décennies, il a fini par atteindre la maturité, et a écrit un policier très sombre, sanglant, qui la terrifie et la passionne à la fois. Le film repose sur le parallèle entre la vie de la lectrice et la transposition filmée du roman. Nocturnal Animal franchit dans cette transposition de manière trop fréquente encore les limites du bon goût, que de soit au niveau de la décence ou de la violence.
Le grand public fuira Nocturnal Animal, et il aura parfaitement raison. Par contre des cinéphiles avertis, et eux seuls, qui n’adhèreront pas pour autant à ses excès, pourront nonobstant apprécier le film, avec sa structure narrative élaborée, son traitement soigneux des personnages et des images, son jeu, peu original en soi, mais bien mené, entre le narrateur et le personnage principal du roman, plus ou moins son double.