Coquetterie venue tout droit du XVIe siècle, nous pensions que le port du corset était trop archaïque pour revenir. Mais la mode a parfois raison de la santé : l’objet de « torture » est de retour. S’inspirant de célébrités callipyges, comme la rappeuse Nicki Minaj ou Jennifer Lopez, les adeptes sont prêtes à l’utiliser pour transformer leur nature. Et à s’infliger ce que le philosophe Georges Vigarello, auteur du livre Les Métamorphoses du gras. Histoire de l’obésité (Éd. du Seuil), appelait « une contrainte physique pour mieux se plier aux formes imposées ».
Car le nouveau corps idéal outre-Atlantique tient plus de l’avatar que de la silhouette aux formes contrastées. Entre une poitrine généreuse et un postérieur rebondi, les femmes doivent afficher une taille ultrafine, comme celle d’une enfant. Impossible d’obtenir ces courbes hors norme autrement qu’en compressant ses côtes. Sur le marché, deux types de corsets sont disponibles : la ceinture amincissante (Waist Training corsets), sorte de gaine rigide, et le corset classique à lacets. La nuance peut égarer mais l’effet est le même : on se compresse pendant des semaines jusqu’à sept heures par jour, pour perdre des tours de taille et enfin obtenir un corps en 8.
Conseillé par de nombreuses célébrités, le corset a été adopté par des fans sans réelle connaissance des risques encourus. Sur Instagram, le hasthag WaistTraining a été utilisé plus de 300.000 fois et l’on trouve sur les forums de discussions des conseils pour créer sa propre marque de corset. Sur YouTube, une utilisatrice de la ceinture se filme pendant sept jours et raconte son expérience : « Je porte mon corset, depuis cinq jours. Pour l’instant j’ai du mal à respirer et même à conduire, mais j’ai déjà perdu un peu ventre », se réjouit-elle.
Et si le secret du “progrès” n’était que marche arrière?